Bien que la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) soit un pilier de la bonne gouvernance des industries extractives, sa mise en œuvre au Gabon reste confrontée à des défis majeurs. Le rapport ITIE 2022 révèle que les dépenses sociales obligatoires des entreprises extractives atteignent à peine 36,8 milliards de fcfa, un chiffre en deçà des attentes pour un secteur pesant 96% des revenus extractifs nationaux.
L’un des principaux défis réside en effet, dans l’absence d’un cadre législatif contraignant. Alors que certaines entreprises, comme Perenco et Comilog, investissent volontairement dans des initiatives sociales, d’autres ne respectent que le strict minimum légal, voire s’abstiennent totalement de contribuer au développement local. De plus, le manque de coordination entre les parties prenantes limite l’impact global des projets RSE, qui restent dispersés et peu alignés sur les besoins réels des communautés.
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L’environnement représente également un défi de taille. Les activités extractives ont généré des impacts environnementaux majeurs, notamment en matière de déforestation et de pollution. Pourtant, les investissements en matière de compensation écologique restent faibles. En 2022, les dépenses environnementales déclarées n’ont atteint que 27 milliards de fcfa, un montant insuffisant pour remédier aux dégâts causés. L’absence de mécanismes solides de suivi et de sanctions aggrave la situation.
L’exemple du Botswana
En comparaison, le Botswana, souvent cité comme modèle de bonne gouvernance en Afrique, impose des obligations strictes en matière de RSE à ses entreprises extractives. En 2021, plus de 70% des revenus miniers y ont été réinvestis dans des programmes sociaux, éducatifs et de préservation de l’environnement. Ce modèle montre qu’une législation claire et une gouvernance transparente peuvent transformer les contributions des entreprises en un levier de développement durable.
Pour relever ces défis, le Gabon devra donc s’appuyer sur les recommandations de l’ITIE, notamment la divulgation systématique des dépenses sociales et environnementales. La mise en place d’un cadre réglementaire exigeant et d’un mécanisme de suivi indépendant permettra de maximiser l’impact des initiatives de RSE et de garantir que les richesses extractives profitent réellement aux communautés locales. C’est une condition inéluctable.