dimanche 1 décembre 24
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    Me Nzigou : « Il n’y a aucun changement de position de ma part, car nous restons cohérents avec nos convictions »

    le coup de coeur

    Ferdinand DEMBA
    Ferdinand DEMBAhttp://www.insidenews241.com
    Passionné de lettres et désormais de chiffres, FD est le directeur de publication d’Inside News241. Journaliste de métier et de convictions, lui et son équipe sont au service d’une information objective, d’utilité publique et au service de la vérité.

    Faisant suite à un article publié par notre rédaction intitulé  Gabon : nouveau virage à 180 degrés de Me Nzigou qui appelle à «chasser le PDG» après avoir battu campagne «main dans la main»?, l’avocat au Barreau du Gabon et un des leaders du Parti Pour Le Changement (PLC), a tenu à clarifier une position qu’il estime mal interprétée par la presse et certains compatriotes. Dans cette interview exclusive accordée à Inside News241, Me Nzigou précise qu’”être critique est une nécessité dans toute démocratie en construction, mais cela ne signifie pas une opposition systématique au CTRI”, mais tout en s’opposant au Parti démocratique gabonais (PDG). Sur la question du «changement de position», il assure qu’il n’y en a pas, car il reste cohérent avec ses convictions. «Notre parti, le PLC, n’a jamais eu pour vocation de se définir uniquement par l’opposition», confie-t-il. Entretien.

    Inside News241 : Maître Nzigou, vous avez récemment évolué dans vos prises de position vis-à-vis de la transition politique menée par le général Oligui Nguema. Après avoir critiqué son autoritarisme et sa gestion, vous avez exprimé votre soutien au projet constitutionnel. Quelles sont les raisons de ce changement de cap et s’il reflète une réévaluation de votre position politique à long terme ?

    Me NZIGOU Anges Kevin : Je tiens à préciser qu’il n’y a eu aucun changement de cap dans ma position. Être critique est une nécessité dans toute démocratie en construction, mais cela ne signifie pas une opposition systématique au CTRI. Mon soutien au projet constitutionnel est un choix mûrement réfléchi, fondé sur l’intérêt supérieur du Gabon, et non une réévaluation de mes critiques ou une quelconque inflexion de mes convictions. Critiquer, décider et agir sont trois démarches complémentaires pour construire l’avenir.

    Vous avez exprimé un profond mécontentement face à l’omniprésence du PDG, malgré la chute du régime de la famille Bongo. Vous avez même appelé à «chasser le PDG». Quel est selon vous le véritable poids de ce parti dans la politique gabonaise actuelle, et comment expliquer la persistance de son influence dans la transition ?

    Me NZIGOU Anges Kevin : Le mot d’ordre de «chasser le PDG» n’est pas le fruit de ma seule réflexion, mais bien une consigne donnée par le peuple gabonais lui-même. La chute du régime Bongo a révélé l’aspiration profonde de nos compatriotes à tourner la page d’un système qui a confisqué le destin du pays pendant des décennies. Le poids actuel du PDG ne tient qu’à sa position institutionnelle héritée, mais en dehors de cela, ce parti pèse son poids. Il est donc crucial de le reléguer pendant cette transition, pour éviter qu’il ne continue à instrumentaliser les institutions et à freiner les réformes nécessaires. Cette transition doit être l’occasion de redonner au peuple gabonais le pouvoir réel et de construire une nouvelle ère politique, affranchie des logiques du passé.

    L’avocat a tenu à rappeler que sur ses affiches de campagne pour le « OUI » au référendum était bien précisé « OUI » au référendum & « NON au PDG« , comme sur l’affiche en illustration. © D.R

    Le faible taux de participation au référendum dans l’Estuaire a été perçu comme un signe de désillusion populaire. Selon vous, qu’est-ce que ce taux d’abstention révèle de l’état d’esprit de la population gabonaise par rapport à la transition et aux réformes proposées par le gouvernement actuel ?

    Me NZIGOU Anges Kevin : Le faible taux de participation au référendum reflète effectivement une remise en cause des autorités actuelles par une partie de la population. Le constat que nous avons pu faire en allant sur le terrain est édifiant : beaucoup de Gabonais estiment que cette transition pourrait finalement restaurer le PDG dans sa position dominante, un scénario qu’ils rejettent massivement. 

    « Le constat que nous avons pu faire en allant sur le terrain est édifiant : beaucoup de Gabonais estiment que cette transition pourrait finalement restaurer le PDG dans sa position dominante.

    Maître Nzigou Anges Kevin, avocat et Leader du PLC.

    Dans ces conditions, ils ne voient aucune raison de se mobiliser. Ce message doit être entendu par les dirigeants de la transition : la confiance du peuple ne peut être gagnée que par des actes clairs qui marquent une véritable rupture avec le passé et un engagement résolu à construire un Gabon nouveau, débarrassé des pratiques et des structures qui l’ont affaibli.

    LIRE AUSSI : Gabon/Référendum 2024 : le « OUI » l’emporte avec un score soviétique de 91,80%

    Vous avez souligné à plusieurs reprises la nécessité d’une réforme politique en profondeur pour mettre fin aux pratiques du passé. Quel type de réforme envisagez-vous, et comment le gouvernement actuel pourrait-il assurer cette rupture, tout en surmontant les défis liés à la persistance d’acteurs de l’ancien régime au sein de l’administration ?

    Me NZIGOU Anges Kevin : La transition a, par essence, pour vocation principale de réformer les institutions, afin de poser les bases d’un État de droit solide et équitable. Pour mettre fin aux pratiques du passé, il est impératif d’engager des réformes structurelles profondes. Ces réformes devraient inclure une refonte des processus électoraux pour garantir leur transparence, une séparation effective des pouvoirs pour limiter les dérives autoritaires, et une dépolitisation de l’administration publique pour la rendre plus professionnelle et impartiale.

    « Pour mettre fin aux pratiques du passé, il est impératif d’engager des réformes structurelles profondes.

    Maître Nzigou Anges Kevin, avocat et leader du PLC.

    Le gouvernement actuel peut assurer cette rupture en adoptant des mesures courageuses et symboliques, comme l’interdiction aux anciens responsables d’un système corrompu de jouer des rôles décisionnels dans la transition. Par ailleurs, il doit mettre en place des mécanismes d’audit et de contrôle stricts pour garantir que les fonds publics soient utilisés dans l’intérêt général.

    Le défi posé par la persistance d’acteurs de l’ancien régime au sein de l’administration est réel, mais il peut être surmonté par une gestion pragmatique. Il ne s’agit pas de mener une chasse aux sorcières, mais d’évaluer chaque acteur selon son intégrité et ses compétences, et de reléguer ceux qui incarnent les pratiques d’un autre temps. C’est dans ce contexte que la transition doit affirmer sa vocation à être une phase d’exception, où le courage politique prime sur les compromis d’intérêts.

    Après un changement apparent dans vos positions politiques, beaucoup se demandent si votre parti, le PLC, cherche à s’adapter au nouveau contexte ou s’il prépare une opposition plus structurée dans les mois à venir. Quelle est la stratégie du PLC pour les années à venir ? Préférez-vous une approche collaborative avec le pouvoir en place, ou êtes-vous plus enclin à reprendre votre opposition frontale à un système que vous considérez comme encore trop influencé par l’ancien régime ?

    Me NZIGOU Anges Kevin : Je tiens d’abord à clarifier un point : je ne sais pas à quel « changement de position » vous faites référence, car nous restons cohérents avec nos convictions. Notre parti, le PLC, n’a jamais eu pour vocation de se définir uniquement par l’opposition, ce n’est pas un objectif en soi. Notre engagement est guidé par un idéal : contribuer au mieux-être de nos concitoyens et au développement du Gabon.

    Le CTRI a ouvert une page blanche pour notre pays, mettant tout à plat. Dans ce contexte, la stratégie du PLC est simple : l’efficacité. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de savoir si nous sommes de bons ou de mauvais opposants, mais plutôt de réfléchir à comment agir de manière efficace pour le Gabon. Notre priorité est de proposer des solutions viables et de participer à la construction d’un État plus juste et équitable.

    « Notre priorité est de proposer des solutions viables et de participer à la construction d’un État plus juste et équitable.

    Maître Nzigou Anges Kevin, avocat et Leader du PLC.

    Quand un gouvernement régulier sera mis en place, notre position se déterminera naturellement en fonction de son projet et de sa vision pour le pays. Si ce projet s’inscrit dans l’intérêt général et reflète les aspirations des Gabonais, nous le soutiendrons. Dans le cas contraire, nous adopterons une posture critique et constructive. Mais ce choix découlera toujours d’une évaluation claire et responsable de ce qui est bon pour le Gabon, et non d’un réflexe de confrontation systématique.

    Propos recueillis par Ferdinand DEMBA 

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