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Pêche : le Gabon veut miser sur la transformation locale pour capter la valeur ajoutée

le coup de coeur

La décision du Gabon de renégocier l’Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) avec l’Union européenne ouvre une brèche dans le modèle économique dominant des dernières décennies. En dénonçant un partenariat « profondément déséquilibré », Libreville entend désormais réorienter sa politique vers un meilleur captage de la valeur créée sur son territoire. Pour cela, le développement de la transformation locale du poisson devient un axe central.

Et le potentiel est considérable. Le pays dispose de ressources halieutiques abondantes, notamment une importante réserve de thon estimée à plus de 30 000 tonnes par an. Or, jusqu’ici, la quasi-totalité des captures effectuées par les flottes étrangères était exportée brute, sans création significative d’emplois ni de revenus pour le tissu économique local. Ce modèle extractif a longtemps freiné l’essor d’une industrie de transformation nationale.

À l’image de pays comme la Mauritanie, qui impose une taxation différenciée pour inciter à la transformation sur place, le Gabon pourrait instaurer des incitations fiscales pour les investissements dans des unités industrielles. Ces mesures bénéficieraient notamment aux PME et aux coopératives locales, avec un effet démultiplicateur sur l’emploi, la sécurité alimentaire et la fiscalité.

Mais cette orientation suppose de relever plusieurs défis majeurs. La création d’unités industrielles nécessite d’importants investissements initiaux, une logistique de froid fiable, une énergie stable, et une main-d’œuvre qualifiée. De plus, sans un cadre réglementaire clair et des mesures incitatives cohérentes, le risque est réel de décourager les investisseurs nationaux et étrangers. Enfin, la concurrence des produits asiatiques transformés, souvent à bas coût, pourrait limiter la compétitivité à l’export.

À terme, cette stratégie de transformation locale pourrait hisser le secteur halieutique parmi les moteurs de diversification de l’économie gabonaise. Mais pour produire des effets durables, elle devra s’appuyer sur une politique industrielle claire, une coordination entre les ministères et une implication forte du secteur privé. Il faudra donc sortir des sentiers battus et surtout de cette volonté industrielle par décret. 

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