Officiellement chargée d’apaiser les tensions dans le secteur pétrolier, la Commission pour le Dialogue Social dans les Hydrocarbures, présidée par Arnauld Calixte Engandji-Alandji, conseiller spécial du président, ressemble de plus en plus à une coquille vide. Créée sous l’autorité directe du président de la transition, elle devait permettre d’ouvrir un cadre de discussion entre l’ONEP, les employeurs et l’État. Mais dans les faits, elle est incapable de se réunir et encore moins de débloquer la situation. L’ONEP l’a d’ailleurs souligné dans son dernier communiqué : faute de moyens, faute d’engagement, et surtout faute d’interlocuteurs, la commission n’a jamais réellement fonctionné.
Manque de ressources allouées
Le premier problème, c’est le manque de ressources allouées. Sans financement clair, sans agenda structuré, les réunions censées avancer sur les dossiers urgents ont été repoussées à plusieurs reprises. Prévue pour reprendre ses travaux le 17 mars, la commission a vu sa session être reportée à une date incertaine, faute de participation de l’UPEGA. Comment résoudre une crise si ceux qui doivent négocier refusent de se présenter ? Cette incapacité à réunir toutes les parties prenantes a conforté l’ONEP dans son choix d’opter pour l’épreuve de force.
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Mais au-delà du manque de moyens, c’est le manque de volonté politique qui frappe. Si la commission avait été pensée pour être un instrument de médiation, elle se révèle aujourd’hui être un instrument d’attente, qui ne fait que gagner du temps pendant que la crise s’aggrave. Or, le calendrier ne laisse plus de place aux temporisations. L’ONEP a fixé le 21 mars comme ligne rouge, et sans dialogue crédible d’ici là, la grève générale dans le pétrole deviendra inévitable.
Une simple façade
Cette situation démontre aussi l’incapacité du gouvernement à anticiper la radicalisation du mouvement social. Laisser une commission sans moyens, c’est donner raison à ceux qui estiment que les travailleurs ne peuvent obtenir gain de cause que par la confrontation. Avec une telle gestion, l’État ne fait que perdre en crédibilité.
À ce stade, la commission n’est plus qu’une façade, et c’est précisément pour cela que l’ONEP appelle à un rassemblement lors de la visite d’Oligui Nguéma à Port-Gentil. Si la commission ne peut pas réunir les acteurs du dialogue, alors c’est directement au chef de l’État que les revendications seront adressées. Autrement dit, ce que la commission n’a pas su (ou voulu) régler, le président devra y faire face en personne.