La version finale du projet constitutionnel qui sera soumise au référendum le 16 novembre prochain, continue de défrayer la chronique, notamment sur la question de la «gabonité» pour les postulants aux futures élections présidentielles. Les interrogations se multiplient à ce sujet. Dans un discours prononcé le 26 octobre dernier lors de la sortie du mouvement Ensemble pour le Gabon, l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo et membre du Parti démocratique gabonais (PDG), Alain-Claude Bilie-By-Nze, est longuement revenu sur ses dispositions. Il parle d’«écrémage» politique.
Pour plusieurs politologues gabonais, les nouvelles dispositions contenues dans l’article 43 du nouveau projet de constitution est une entourloupe. Les conditionnalités fixées par les textes constitutionnels, étreignent systématiquement les libertés d’un Gabonais à se porter candidat à une élection dans son propre pays. Cet article précise entre autres que pour être candidat à une élection présidentielle, il faut : «être né Gabonais d’un parent lui-même né Gabonais […], avoir la nationalité gabonaise exclusive», peut-on lire dans l’article 43.
Pour Alain-Claude Bilie-By-Nze, cette transition est «la continuation de l’écrémage effectué dans la charte de transition contre des personnalités politiques ayant participé à la transition», avant de poursuivre, «il y a des binationaux dans le gouvernement actuel», pointe-t-il. Quant à Rachel Andeme, porte-parole de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR), «l’exclusion des binationaux est un sujet abject».
Exclusion des Gabonais ou verrouillage de la fonction présidentielle ?
Pour plusieurs autres Gabonais, il ne s’agit pas d’une exclusion aux Gabonais naturalisés ou une entorse aux binationaux. C’est simplement pour éviter les pièges qui ont émaillé les dernières présidentielles au Gabon durant lesquelles, les opposants politiques d’Ali Bongo mettaient en doute ses origines. Puis, le contexte politique de ces quatorze dernières années, rythmé par de nombreux scandales financiers orchestrées par les collaborateurs binationaux de l’ancien président.
Pour Annie Gisèle Nyangui Moukagni, invitée à s’exprimer sur cette question : «un Gabonais d’adoption est venu chercher à s’enrichir et repartir chez lui, on en veut plus», dit-elle. Pour elle, les nouvelles dispositions constitutionnelles doivent tenir compte des aspirations profondes des Gabonais de naissance et défendre le principe du sol. Tout comme elle, plusieurs autres personnalités publiques estiment que la fonction présidentielle doit être réservée aux natifs : «partout dans le monde, il faut des critères pour être Président. Même aux États-Unis, pour être Président, il faut être né sur le sol américain», affirme Chamberland Moukouama. Quoi qu’il en soit, le référendum du 16 novembre prochain sera décisif pour les Gabonais et déterminera le futur du Gabon pour les 50 prochaines années.