Ce vendredi 1er novembre 2024 marque la fête de la Toussaint dans le calendrier chrétien, une fête religieuse qui commémore la perte des proches disparus. Au Gabon, c’est une occasion pour les nombreuses familles de se recueillir sur les tombes de leurs proches disparus et de leur témoigner leur affection.
C’est une occasion de témoigner l’amour et l’affection aux personnes parties de ce monde. Les familles se retrouvent pour célébrer les souvenirs immaculés des parents qui ont précédés de l’autre côté. Du cimetière de Lalala en passant par celui qui jouxte la décharge de Mindoubé et Igoumier, ces lieux habituellement calmes, sont investis par les familles munies, des machettes, des pelles, houes pour donner une cure de jouvence à ces cimetières souvent abandonnés après la célébration d’une telle fête. Pour Suzanne, une mère de famille venue nettoyer la petite broussaille qui envahit la tombe de son fils décédé il y a deux ans, «c’est une occasion pour moi de me remémorer les souvenirs de mon fils disparu il y a deux ans, c’est aussi l’occasion de lui dire que nous ne l’avons jamais oublié», nous livre-t-elle. À côté d’elle, une autre famille, munie de serpillères, savon en poudre, éponges et seaux, se rue au nettoyage du carrelage de la tombe de leur grand-mère, le tout, couronné par des chants traditionnels bien rythmés qu’elle «aimait», pour «évacuer» les moments de chagrin.
En Afrique, « les morts ne sont pas morts » !
C’est Birago Diop qui le martelait dans son poème « Souffles ». « Les morts ne sont jamais partis. Ils sont le l’eau qui dort. Ils sont dans la demeure. […] », dit le poète. Pour les respectueux de la tradition, les morts ne sont jamais bien loin du monde du vivant. Ils sont de l’autre côté du monde physique. Pour Bernabé, traditionaliste, il faut leur parler comme lorsqu’on s’adresse aux vivants : «lorsque je viens me recueillir sur la tombe de mes proches disparus, je leur adresse quelques prières pour nous qui sommes encore ici de l’autre côté, et jai cette infime impression qu’ils m’entendent de là où ils sont», nous révèle-t-il assis sur la pierre tombale de son grand-père, avant de poursuivre, «en tant que vivants nous avons le droit de leur témoigner notre amour, en nettoyant leur village». Comme lui, beaucoup ont apporté des bougies à allumer, d’autres des vins qu’ils mettent à côté de la tombe du défunt.
Les cimetières de Libreville dans un état de saturation complète
Cette fête est l’occasion pour les nouvelles autorités de poser le problème de la saturation des lieux d’enterrement. Au cimetière de Mindoubé, une famille n’arrive pas à identifier clairement la tombe de leur défunt. L’un d’eux s’exprime : «quelque part ici, nous avons enterré un proche, nous ne retrouvons plus la tombe, car nous l’avions juste marqué d’un signe qui a hélas disparu», se désole-t-il.
Tout comme au cimetière de Mindoubé, celui de Lalala a atteint ses capacités maximales pour recevoir les enterrements. La-bas, «les corps se superposent». En attendant, cette pratique rend difficile le recueillement des familles en pareilles circonstances. Au Comité pour la transition et à son Délégué spécial de la commune de Libreville, Jude Ibrahim Rapontchombo, de réfléchir à trouver un nouvel amplement pour le cimetière municipal.