Comme le révélait le cabinet Moore Insight, les revenus générés par le secteur extractif du Gabon présentent un montant total de 812,764 milliards de fcfa pour l’année 2021. Le secteur des hydrocarbures étant le premier contributeur des revenus provenant du secteur extractif avec une contribution de 90,44% du total revenus du secteur extractif pour cette année-là, soit 735,062 milliards de fcfa. Pourtant, le public ne dispose d’aucune visibilité sur les résultats financiers de la Société nationale des hydrocarbures du Gabon (SNHG), couramment nommée Gabon Oil Company (GOC), qui a bénéficié de 224,182 milliards de fcfa de rente sur la période sous revue. Idem pour la Société équatoriale des Mines (SEM).
Dans son annexe des établissements publics adossée à la loi de finances 2023, l’exécutif gabonais soulignait de lui-même « les nombreux problèmes se posent par rapport à la gouvernance des SPP ainsi qu’à la maîtrise de la dépense publique en lien avec les transferts dédiés à ces derniers ». Faiblesse des tutelles technique, financière et donc du contrôle administratif et budgétaire sur lesdites administrations (SPP). Perception de l’autonomie des SPP comme une indépendance vis-à-vis de l’Etat central et de ses comptes et absence de reporting sur la performance financière des SPP. Autant d’éléments qui remettent en cause la sincérité et l’exactitude des comptes de ces entités parmi lesquelles, la GOC et la SEM.
La GOC bénéficie de 224,182 milliards de fcfa en 2021
Bras séculier de l’Etat dans le domaine des industries extractives, ces deux entités dont l’une a perçue pour la seule année 2021, en l’occurrence Gabon Oil Company, plus de 224,182 milliards de fcfa de rente pétrolière, sans pour autant que le citoyen gabonais et contribuable ne dispose de ses états financiers. C’est d’ailleurs là tout le problème ayant conduit les responsables de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) à recommandé que la « publication des informations financières de la SEM et GOC soit périodique et que ces données soient accessibles sur un support permettant leur exploitation et consultation par le grand public ».
Il faut dire que depuis sa création en 2011, la Société nationale des hydrocarbures a brillé par son opacité, ses dérives financières ayant conduit certains de ses plus hauts responsables derrière les barreaux ces dernières années sous l’ancien régime. A l’heure où le gouvernement de transition est appelé à faire preuve de transparence en divulguant le contenu des contrats forestiers, miniers et pétroliers, le grand public aimerait bien savoir si cette entreprise, qui vient de s’engager au nom de l’Etat, à rembourser 144 milliards de fcfa par an sur les cinq prochaines années, fait preuve d’une gestion à la fois orthodoxe et rigoureuse. Idem pour la Société équatoriale des Mines, à l’heure où le pays entend doper sa production dans ce domaine pour engranger encore plus de revenus.
Mise aux normes internationales
Dans un pays où le dérapage budgétaire rime avec gestion financière, il serait temps que la GOC et toutes ses entités publiques qui dévorent à coups de centaines de milliards de fcfa les fonds publics, se mettent enfin aux normes internationales, en matière de gouvernance et de transparence. Pas encore à l’ordre du jour au regard du peu d’informations financières dont on dispose concernant aussi bien GOC que la SEM, cette recommandation prendra hélas, encore du temps avant d’être implémentée.
Plaidant également pour une « divulgation des informations sur les niveaux de participations de l’Etat dans le secteur extractif ainsi que les modalités de financement de ces participations et les revenus qu’elles génèrent », les responsables de l’ITIE qui attendent le rapport 2024 du gouvernement, souhaitent donc que celui-ci œuvre enfin en faveur des populations.