Longtemps dominé par les marques européennes et quelques références américaines, le paysage automobile gabonais est en pleine mutation. En quelques années, les enseignes asiatiques, notamment chinoises et sud-coréennes, ont investi massivement le marché local, séduisant les consommateurs par des offres plus accessibles, des designs modernes et des technologies intégrées, se joignant ainsi aux marques japonaises.
En 2022, selon la DGEPF, les ventes de véhicules utilitaires neufs ont connu un rebond de +2,4%, une dynamique qui doit beaucoup à la montée en puissance des marques asiatiques.Le phénomène n’est pas isolé. Il accompagne un basculement plus global observé sur le continent : dans un marché africain délaissé par les grandes stratégies européennes, les marques asiatiques, notamment chinoises, avancent à pas sûrs. En tête de pont, BYD, Chery ou encore Geely multiplient les implantations grâce à des partenariats locaux comme ceux noués avec CFAO. Le Gabon suit ce mouvement, tiré par Libreville et Port-Gentil, qui concentrent à elles seules plus de 80% des ventes neuves du pays.
Cette évolution transforme aussi le segment de la mécanique générale. Les ateliers doivent composer avec des technologies embarquées plus complexes, une diversité accrue de pièces, et une forte dépendance à l’importation. Le rapport de la DGEPF montre ainsi une croissance continue de ce segment entre 2020 et 2022, en corrélation avec l’expansion du parc automobile.
Mais le revers de la médaille existe : une part non négligeable des véhicules asiatiques sur le marché gabonais provient d’importations d’occasion, souvent issues de sinistres, reconditionnées à la va-vite et revendues avec des châssis douteux. Cette réalité alimente une concurrence déloyale, fragilise la sécurité routière, et renforce le rôle stratégique des services de contrôle technique, encore peu outillés.
L’État, pour sa part, tente de structurer le secteur par des normes d’importation, un encadrement plus fort des concessionnaires, et la possible mise en place de filières de formation technique adaptées aux nouvelles exigences. Le Gabon, à la croisée de la demande de mobilité moderne et des risques liés à l’importation massive de véhicules douteux, doit désormais choisir entre une ouverture non régulée et une transition maîtrisée vers une industrie automobile plus durable.