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Déguerpissement de Plaine Orety : le gouvernement a-t-il sous-estimé l’ampleur des dégâts ?

le coup de coeur

L’opération de déguerpissement de Plaine-Orety, le 4 juin dernier, continue de susciter une vive polémique à Libreville. Voulue par les autorités dans le cadre des travaux d’aménagement de la capitale — notamment la construction d’une cité administrative et d’un boulevard — cette action est aujourd’hui au cœur d’une guerre de versions entre un collectif d’habitants et le gouvernement. En cause : la brutalité et la précipitation avec lesquelles l’opération a été exécutée.

Depuis le passage des bulldozers, certains habitants dorment toujours à la belle étoile, privés de commodités et sans la moindre assistance publique. Une situation qui a poussé un collectif de sinistrés à se constituer pour porter la voix des sans-abris de Plaine-Orety. Ce mardi 10 juin, ils ont improvisé une déclaration à la presse sur les ruines de leurs anciennes habitations. Objectif : dénoncer l’absence d’accompagnement social et les manquements supposés à la législation en vigueur. « Le 4 juin à l’aube, nos maisons ont été rasées comme de simples abris de fortune, alors qu’elles abritaient depuis des années familles, enfants, anciens combattants, fonctionnaires, et citoyens paisibles », a déclaré un porte-parole du collectif. Le ton est grave, l’émotion palpable.

Ludovic Megne Ndong, ministre du logement, de I’Habitat, a assuré que : « les occupants de ces espaces bâtis et démolis avaient été indemnisés ». © D.R.

Les autorités, quant à elles, peinent à convaincre mais rappelle l’historique des faits. Le Délégué Spécial de la mairie de Libreville, Adrien Nguema Mba, rappelle que le processus de déguerpissement avait été entamé dès les années 1990. Ludovic Megne Ndong, ministre du logement, de I’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre, quant à lui, a assuré ce mardi que : « les occupants de ces espaces bâtis et démolis avaient été indemnisés ». C’est vrai en partie. En effet, de nombreux Gabonais auraient reçus des indemnités il y a plusieurs années. Parmi eux, certains auraient revendus leur maison ou mis en location sans en informer les nouveaux acquéreurs.

Des déclarations qui peinent à apaiser les tensions sur le terrain, où la réalité semble bien plus brutale. « Aucun respect des droits humains, aucun accompagnement social, aucune compassion », martèle un ancien propriétaire. Le collectif exige désormais la publication de la liste des bénéficiaires des indemnisations, arguant que de nombreuses familles n’ont jamais vu la couleur de ces compensations.

« J’ai tout perdu. Mon bar, le matériel, le congélateur, les chaises, tout. Il ne me reste que ma colère », s’est indignée une commerçante. © D.R.

Pendant ce temps, le désarroi s’installe. Des sources locales évoquent des cas de malaises et même des décès consécutifs au choc de l’opération. Une jeune commerçante témoigne : « J’ai tout perdu. Mon bar, le matériel, le congélateur, les chaises, tout. Il ne me reste que ma colère », s’est-elle indignée. Derrière les discours de développement et de modernisation, c’est la dignité humaine qui semble avoir été mise à mal.

Et si la décision de libérer l’espace public remonte effectivement à 2015, sa mise en œuvre soudaine et brutale interroge. Force reste à la loi, c’est un fait. Mais le gouvernement a-t-il sous-estimé l’impact social de l’opération ? La question demeure entière. En attendant, Libreville vit sous les décombres de la brutalité.  

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