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Budget 2025 : rigueur annoncée mais réalité toujours autant déconnectée

le coup de coeur

Le budget 2025, présenté comme un moment de rupture et de redressement, devait incarner la maîtrise des finances publiques et relancer la dynamique économique post-transition. Sur le papier, tout y était : équilibre visé, plafonnement des dépenses, accent mis sur les investissements productifs. Mais une fois confronté à la réalité économique du pays, ce budget révèle un décalage croissant entre prévision et exécution, un écart que même la loi de finances rectificative (LFR), aura du mal à combler.

Ce n’est pas une surprise. La tradition budgétaire gabonaise repose depuis longtemps sur des hypothèses optimistes. On surévalue les recettes, on sous-estime les charges, on multiplie les promesses sans chiffrage précis. Et chaque année, une LFR vient « corriger le tir » pour recoller tant bien que mal à la trajectoire réelle. Mais en 2025, le contexte est plus exigeant : ralentissement économique régional, inflation persistante, pression sur la dette, instabilité des cours du pétrole, et surtout attentes sociales croissantes.

La loi de finances initiale (LFI) ne semble pas avoir anticipé ces tensions. Le cadrage macroéconomique est resté conservateur, parfois flou, et peu articulé avec les réalités sectorielles. Le gouvernement a misé sur une croissance modérée, mais sans plan détaillé pour relancer la production locale, absorber les chocs exogènes ou stimuler l’investissement privé. Et dans ce flou, les dépenses de fonctionnement continuent d’absorber l’essentiel des ressources, limitant la capacité d’agir de l’État.

La LFR, en préparation, viendra comme d’habitude réajuster les projections. C’est une obligation légale, un instrument de correction technique. Mais elle ne peut pas, à elle seule, compenser un déficit de vision stratégique. Car le problème ne réside pas dans les écarts conjoncturels, mais dans la faiblesse structurelle de la prévision, de la planification et de l’évaluation de la dépense publique. En clair : c’est l’architecture du budget lui-même qui mérite une refonte, pas seulement ses lignes chiffrées.

Le récent rapport de la CEA insiste sur l’importance d’un budget centré sur la performance, adossé à des institutions crédibles et à des outils d’analyse rigoureux. Le Gabon en est encore loin. La budgétisation reste technocratique, enfermée dans les murs de la DGBFIP, sans réel débat public ni vision intersectorielle. Et pendant ce temps, la pression monte sur le terrain : chantiers arrêtés, arriérés impayés, attentes sociales non couvertes.

Ce que le Gabon devait viser en 2025, ce n’était pas seulement une loi de finances ajustée, mais une transformation de sa culture budgétaire. Ce qui impliquait de renforcer la prévision économique, d’associer les ministères sectoriels à la conception du budget, de mesurer les résultats et d’en tirer les leçons. La LFR va sans aucun doute corriger des chiffres. Mais seule une gouvernance forte et cohérente pourra redonner du sens à l’acte budgétaire.

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