Le Conseil des ministres du jeudi 26 mars a adopté un projet de décret visant à renommer certains établissements scolaires en hommage à des figures marquantes du pays : enseignants, personnalités du secteur éducatif, écrivains ou notables. Une initiative symbolique, mais qui pose question à l’heure où le système éducatif gabonais est confronté à des défis autrement plus urgents.
Le secteur de l’éducation fait face à des difficultés structurelles persistantes : infrastructures vétustes, déficit d’enseignants, grèves récurrentes, surpopulation des classes et baisse du niveau d’apprentissage. Dans ce contexte, faut-il vraiment accorder la priorité à un changement de noms d’établissements ? Si la reconnaissance des figures marquantes de l’histoire nationale a du sens, elle ne répond en rien aux besoins pressants des élèves et enseignants.
Une potentielle dérive politique et financière
Attribuer des noms d’établissements à des personnalités politiques ouvre la porte à des choix contestables. Quels seront les critères ? Qui décidera des noms retenus ? Sans transparence, cette initiative risque d’être perçue comme une instrumentalisation mémorielle plutôt qu’un véritable hommage. De plus, la modification des enseignes, documents officiels et supports administratifs entraînera des coûts. Dans un contexte budgétaire tendu, ces dépenses ne seraient-elles pas mieux allouées à la réhabilitation des écoles et à l’amélioration des conditions d’apprentissage ?
Un impact sur l’identité des établissements
Certains établissements portent leur nom depuis des décennies, constituant une part de leur identité pour les élèves, enseignants et anciens élèves. Un changement imposé, sans concertation, pourrait susciter incompréhension et rejet. Plutôt que d’imposer des modifications, pourquoi ne pas renforcer l’histoire et les valeurs de ces écoles à travers des initiatives pédagogiques ?
Si honorer des figures marquantes de l’éducation et de la culture gabonaises est une intention louable, ce projet de décret apparaît déconnecté des priorités du secteur. Avant de renommer des écoles, ne faudrait-il pas d’abord s’assurer qu’elles offrent un cadre d’apprentissage digne et performant aux générations futures ?
Bonjour Monsieur Fred Eyo’o. Je viens de lire votre article que je trouve bien écrit et qui aborde un sujet très intéressant, dans la mesure où il pose une question essentielle : les soucis structurels de l’offre d’éducation dans notre pays.
Cependant, je constate aussi le parti pris de votre article. Tout en posant un problème d’intérêt, l’article laisse penser qu’il est écrit uniquement à charge. Je me suis d’ailleurs demandé s’il s’agissait d’un édito. Auquel cas, il ne s’agirait que de votre positionnement personnel par rapport au sujet. Or, cette précision n’est pas apportée. Et le fait qu’il n’y ait pas une mention du point de vue de Madame le Ministre ou d’une personne de son cabinet pour équilibrer les points de vues déroute le lecteur attentif que je suis sur la pertinence éthique de l’axe de traitement du sujet.
Je dis ça, je dis rien et, tous égards préservés, j’ai souvent eu l’amer constat qu’au Gabon, les journalistes écrivent de préférence des pamphlets que des articles de presse. Pour un lecteur averti, ça interroge. D’où les questions que je soulève dans mon commentaire.
J’espère ne pas vous avoir contrarié. Bon courage. Et merci de la réaction que vous aurez (ou pas) sur mon post.