spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Déguerpissements : les démolitions controversées sèment le désarroi parmi les Gabonais

le coup de coeur

Depuis le 4 juin dernier, l’opération de déguerpissement à Plaine-Orety a marqué une étape charnière dans le réaménagement urbain du Gabon. Le gouvernement s’est lancé dans une vaste campagne de démolition de zones dites « squattées », revendiquant la libération du domaine public pour des projets d’aménagement. Si cet objectif ambitieux rencontre un certain soutien de populations, la méthode employée suscite des critiques acerbes. Après Plaine-Orety, des quartiers comme Virié, à Owendo, ont vu leurs paysages transformés en un amas de gravats, plongeant des centaines de familles dans l’incertitude.

En l’absence de solutions de relogement ou de compensations financières, de nombreux habitants se retrouvent à dormir sous des passerelles, sans assistance ni ressources de base. Un collectif d’habitants dénonce ce traitement, soulignant l’injustice d’un processus sans indemnisation. « Contrairement à d’autres quartiers où des habitants auraient été indemnisés, ici à Virié, personne n’a reçu le moindre sou du gouvernement. Ni aujourd’hui ni avant. Nous avons été surpris qu’une note nous exige un départ dans les 72 heures. Pour aller où ? », s’interroge un habitant de Virié, désormais sans abri. Ils n’ont pas seulement perdu des maisons, mais aussi des commerces rentables avec une clientèle fidèle depuis des décennies.

Un message des habitants déguerpis de Virié qui dorment désormais sous cette passerelle. © D.R.

Réactions politiques et appels à la transparence

Cette situation critique fait couler beaucoup d’encre et de salive. Des personnalités telles qu’Alain-Claude Bilie-By-Nze, leader du parti Ensemble pour le Gabon, Marc-Ulrich Malekou,  et les députés Lionel Ella Engonga et Geoffroy Foumboula Makosso, pour ne citer que ceux-là, se dressent contre ces pratiques, exigeant des réponses.

Le 10 juin dernier, Lionel Ella Engonga, premier député à avoir interpellé le gouvernement sur le sujet, a demandé la création urgente d’une commission d’enquête pour élucider les décisions ayant mené à ces démolitions. « Je sollicite donc la mise en place urgente d’une commission d’enquête parlementaire, afin que toute la lumière soit faite sur la chaîne de décision ayant conduit à cette démolition », a-t-il déclaré.

Une vue de Virié (côté Prix Import) après la démolition des habitations et des commerces qui s’y trouvaient. © D.R.

Le débat met également en lumière la question foncière, un problème profondément enraciné. Selon des chiffres rendus publics par le député Geoffroy Foumboula Libeka, de 1920 à 2025, plus de 30 000 titres fonciers ont été produits, dont les 2/3 par l’ANUTTC créée en 2012. Ainsi, depuis la date de sa création en 2012, l’ANUTTC aurait enregistré plus de 60 000 demandes de régularisation pour lesquelles elle aurait établi 15 000 décisions de cessions, à peine le quart. Un chiffre qui révèle l’inefficacité du système en place. Cette lenteur administrative, couplée à un manque de transparence, complexifie la situation.

Un gouvernement sur la défensive

Interrogé à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre, Ludovic Megne Ndong, a défendu l’action du gouvernement. Selon lui, les déguerpissements ont respecté les normes et ceux impactés avaient été indemnisés dans le passé lors de précédentes opérations. Toutefois, ces déclarations suscitent le scepticisme des élus et des citoyens, notamment face à une décision de justice du 9 janvier 2025 exigeant des rapports spécifiques avant toute démolition. Ces exigences semblent avoir été négligées, alimentant les doutes sur la légalité des démolitions en cours.

Un avenir incertain pour les déracinés

Alors que le gouvernement poursuit son projet de démolition, la situation de ceux déjà affectés reste préoccupante. L’urgence d’une solution juste et équitable se fait sentir, non seulement pour soulager les souffrances actuelles mais aussi pour prévenir une répétition de cette crise sociale lors des prochaines phases du projet. En attendant, des milliers de Gabonais restent pris au piège d’une bataille entre progrès urbain et droits humains.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles