Dans une tribune exclusive parvenue à notre rédaction, le juriste et universitaire Eugène J. Bekale explique le désintérêt des Gabonais pour les élections. Selon lui, l’abstention des Gabonais aux précédentes élections et le manque d’engouement à s’inscrire sur les listes électorales pour la présidentielle de 2025 sont le résultat de plusieurs facteurs bien connus, mais pas suffisamment pris en compte par nos politiques. Lecture.
L’inscription sur les listes électorales peut être considéré ici comme le processus qui établit quels sont les individus qui ont le droit de voter. Pour les politiciens, les pouvoirs publics, les sociologues ou politologues l’appel des citoyens à s’inscrire sur les listes électorales n’est mis en exergue que parce que les résultats des élections sont très importants en s’appuyant sur le fait qu’il s’agit d’un devoir. Ils ont bien raison car, en effet, les résultats déterminent l’orientation de la politique d’un État portée par la population à travers le choix d’un candidat et donc de son programme.
Dès lors, peu importe le type d’élections (présidentielle, législative, locale…), l’analyse des spécialistes est axée sur les résultats. Et pour y parvenir les acteurs politiques, la société civile et les pouvoirs publiques ne se focalisent que sur des campagnes générales faites à l’endroit des citoyens pour s’inscrire sans rechercher les causes de la non-inscription, afin d’adapter leurs stratégies de communication et les acteurs à cibler.
Pourtant la réalité est évidente et l’abstention constatée lors du referendum relatif à la Constitution gabonaise du 16 novembre 2024 le démontre : les élections n’intéressent plus les Gabonais et le taux de non-inscrit sur les listes est de plus en plus important.
S’ajoute à ce phénomène de non-inscrit, les mal inscrits qui est une autre cause de l’abstentionnisme et s’apparente au sujet aborder mais que nous écartons pour éviter un avis qui reposerait sur l’analogie de ses deux notions.
A ce jour le corps électoral Gabonais est de 853 028 inscrits et potentiellement plus de 500.000 électeurs ne sont pas inscrits. Comme précédemment annoncé les analyses sur la non-inscription sont difficiles à trouver puisque les pouvoirs publics ne s’intéressent qu’à inviter les citoyens à s’inscrire pour in fine apprécier l’attitude politique (comment se comporte le citoyen pour se faire inscrire ? Que sollicite-t-il ?) et obtenir le maximum de voix.
Or, procéder à une étude du phénomène de la non-inscription pourrait apporter d’excellente réponse sur les attentes des Gabonais ce qui orienterait la communication à leur endroit. Il en est de même des sondages, qui donne de réelles informations sur l’opinion de la population, dont les pouvoirs publics n’apportent pas d’intérêt.
L’analyse de la non-inscription, serait bien réalisée par des sociologues et politologues, car étant de notre avis une question sociale et politique. Elle permettrait, en outre, de comprendre les raisons et l’abstention.
Cependant, de notre point de vue le phénomène de non-inscription des citoyens sur les listes est lié à plusieurs facteurs à savoir :
- l’exclusion sociale ;
- la non prise en compte des besoins de la population par les politiques ;
- une attitude politique qui permet de véhiculer un message (par exemple la non participation de la Coalition pour la Nouvelle République aux législatives de 2019) ;
- la mauvaise organisation des procédures d’inscription ou du processus électoral.
Nous nous appuyons sur l’observation de la vie politique depuis 2009 pour mettre en avant ses quatre points. Ainsi, nous ne pouvons donc confirmer ses suggestions de non inscription par une enquête vérifiable.
Quoi qu’il en soit, pour affiner les explications sur ce phénomène de non-inscription, il faudrait que les pouvoirs publics sollicitent des analyses scientifiques des sociologues et politologues. Lesquelles pourraient avoir pour fondement les facteurs ci-dessus énoncés.
Les résultats de ces analyses pourraient mettre en exergue les taux ou pourcentages d’inscription et de non-inscrit selon le genre, l’âge, le lieu de résidence, le lieu de vote, le niveau scolaire, le statut professionnel, le diplôme, le secteur d’activité, la pratique de la religion etc.
Pour l’heure nous devons tous rendre la démocratie Gabonaise vivace, transparente et exemplaire. C’est pourquoi il faut que les personnes en âge de voter puissent aller s’inscrire sur les listes électorales dans les Mairies.
Eugène Jr. Bekale
Juriste et universitaire