Le 23 novembre 2024, une visite nocturne au siège du Parti du réveil citoyen (PRC) à Libreville a secoué les membres du parti et la scène politique gabonaise. Cette agression, survenue dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 novembre, met en lumière une série de questions sur l’état de l’ordre public et le climat politique du pays après 15 mois de pouvoir militaire, que le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema se trouve à Bruxelles pour défendre son bilan.
Selon Therence Gnembou Moutsona, président du PRC et ancien candidat à la présidentielle de 2023, des individus encagoulés et armés ont fait irruption dans le siège du parti, agressant violemment le gardien et saccageant les locaux sans toutefois emporter quoi que ce soit, rapportent nos confrères de Gabon Media Time. Les vandales ont défoncé des portes, brisé des baies vitrées et endommagé des véhicules stationnés sur place, sans pour autant voler d’objets de valeur, tels que des ordinateurs portables. Leur seul but semblait être de retrouver une personne, dont l’identité reste inconnue.
Les motivations de cet acte violent sont d’autant plus intrigantes qu’elles surviennent dans un contexte politique où le pays semble avoir retrouvé une certaine stabilité après la transition militaire. Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, après la fin du mandat chaotique d’Ali Bongo Ondimba, le climat sécuritaire semblait s’être amélioré, donnant l’impression d’un retour à l’ordre et à la paix civile. Le référendum constitutionnel récemment validé par la population a, de surcroît, consolidé la position des autorités en place, renforçant ainsi la confiance dans le processus de transition.
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Cependant, cet incident soulève des questions sur l’implication du PRC et de son leader, Thérence Gnembou, dans les développements politiques actuels. Le parti, bien qu’actif sur la scène politique, semble être en décalage avec les nouvelles orientations du gouvernement militaire. La violence à son siège pourrait-elle être un message, une tentative de déstabilisation ou une simple coïncidence ? L’autre élément préoccupant est le lien entre Gnembou Moutsona Thérence (GMT) et Hervé Patrick Opiangah (HPO), ancien ministre de la République qui fait actuellement l’objet d’une traque. Les deux hommes appartiennent à la plateforme Vision 2025 présidée par HPO. Opiangah, proche de certaines figures politiques de l’ancien régime, semble désormais perçu par certains comme un opposant à l’ordre instauré par la transition militaire depuis son appel à voter “NON” au référendum du 16 novembre dernier.
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Sa fuite présumée, ainsi que l’intensification des enquêtes à son sujet, pourrait bien être liée à une réorganisation des forces politiques derrière les scènes, où les dissensions sont de plus en plus évidentes.
Par ailleurs, le climat de violence et d’incertitude autour de cet incident questionne également la nature de la transition en cours et la place de l’opposition politique dans cette dynamique. Est-ce un acte orchestré par des forces politiques plus larges, cherchant à envoyer un message à ceux qui continuent de contester l’ordre nouveau ? En tout état de cause, la situation mérite une enquête approfondie. Nous y reviendrons.