Le gouvernement gabonais prévoit d’augmenter la masse salariale publique à plus de 825 milliards de fcfq dès 2025. Cette décision est prise dans un contexte où le rapport IIAG 2024 révèle une faiblesse chronique des institutions publiques en matière de lutte contre la corruption. En effet, le Gabon se classe au 45e rang sur 54 pays africains pour l’efficacité de son administration publique, avec une note de 38,4/100. Le pays se distingue aussi par une baisse notable de l’absence de corruption dans le secteur public, marquant une détérioration de 4,2 points depuis 2014. Dans ce contexte, l’augmentation de la masse salariale soulève des questions sur son efficacité à améliorer les performances de l’administration.
L’un des principaux problèmes identifiés dans le rapport Mo Ibrahim est la porosité des mécanismes de contrôle au sein de l’administration gabonaise. Le Gabon est mal classé en matière de mécanismes anti-corruption, occupant la 40ème position en Afrique avec un score de 26,3/100. Sans des réformes structurelles pour renforcer les audits internes et les sanctions contre les fonctionnaires corrompus, il est peu probable que l’augmentation des salaires améliore l’efficacité des services publics. Pis, dans un environnement marqué par des pratiques de favoritisme et de détournement de fonds, ces nouvelles ressources risquent d’être mal utilisées.
4eme en passation des marchés publics
En effet, la gestion des marchés publics est un autre domaine où la corruption se fait ressentir, entraînant des surcoûts importants dans les projets d’infrastructure. Le Gabon a dépensé plus de 900 milliards de fcfa pour des projets d’infrastructure en 2022, mais de nombreux projets ont vu leurs coûts gonflés en raison de la mauvaise gestion et du favoritisme. Selon le rapport IIAG, le pays se classe 42e sur 54 pour les procédures de passation des marchés publics, avec un score de 24,1/100. Une telle situation laisse planer le doute sur l’utilité d’une augmentation de la masse salariale si les mécanismes de contrôle ne sont pas renforcés.
Cette situation affecte également la confiance des investisseurs. Le Gabon a reçu seulement 1500 milliards de fcfa en investissements directs en 2023, un montant qui reflète la faible compétitivité de l’environnement des affaires. En effet, la corruption décourage les investisseurs privés, qui doivent souvent verser des pots-de-vin pour obtenir des contrats ou des licences. Cela freine la croissance économique du pays et limite les retombées positives des investissements publics.
Pour que cette augmentation salariale ait un véritable impact positif, elle doit être accompagnée de réformes profondes, telles que le renforcement des mécanismes de contrôle, l’amélioration des audits internes et la mise en place de sanctions sévères contre les fonctionnaires corrompus. Ce n’est qu’à ce prix que le Gabon pourra tirer parti de cet investissement public, en favorisant une gouvernance plus transparente et en relançant son économie. L’augmentation de la masse salariale pourrait s’avérer contre-productive si elle n’est pas accompagnée d’une refonte des mécanismes de gouvernance.