L’annonce du réaménagement du calendrier scolaire à l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025 a soulevé une vague d’interrogations. Pourquoi l’éducation, qui devrait être une priorité nationale, se retrouve-t-elle une fois de plus reléguée au second plan face aux impératifs politiques ? En prolongeant les vacances scolaires et en repoussant la fin de l’année académique jusqu’au 19 juillet, le gouvernement impose un bouleversement qui aura des conséquences profondes sur la formation des élèves.
Loin d’être une simple question de dates, cette décision illustre un mal plus profond : au Gabon, l’école s’adapte à la politique, et non l’inverse. À travers ce choix, ce sont des milliers d’élèves qui voient leur année scolaire perturbée, non pas pour des raisons pédagogiques, mais pour satisfaire un agenda électoral. Peut-on réellement justifier un tel sacrifice ? Et pendant ce temps, comment occuper ces enfants?
Une école au service des échéances électorales ?
L’éducation est censée être le socle du développement d’une nation, le levier permettant aux générations futures de se bâtir un avenir solide. Pourtant, en modifiant le calendrier scolaire pour faire place à l’élection présidentielle, le Gabon envoie un signal inquiétant : l’école n’est pas une priorité absolue, elle reste une variable d’ajustement politique.

La ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume-Leclercq, a justifié ce changement en expliquant que « l’enjeu de l’élection présidentielle est très différent des autres scrutins et nécessite une participation maximale ». D’accord. Mais une question se pose : la mobilisation électorale doit-elle réellement se faire au détriment du droit fondamental à une éducation stable et continue ? N’est-ce pas là une violation flagrante de la Constitution?
Trois semaines de vacances prolongées
Les écoles doivent-elles systématiquement être impactées par les choix politiques ? Si l’éducation était réellement sanctuarisée, ces réajustements n’auraient pas lieu. D’autres nations ayant des processus électoraux tout aussi exigeants ont su préserver la stabilité du calendrier scolaire. Au Gabon, c’est une fois de plus l’école qui doit plier face aux exigences du pouvoir.

Ce réaménagement du calendrier n’est pas une simple formalité administrative. Il a des conséquences directes sur les élèves, les enseignants et la qualité de l’apprentissage. Trois semaines de vacances prolongées au deuxième trimestre créent une rupture prolongée dans l’enseignement. Or, toutes les recherches en pédagogie le confirment : un apprentissage efficace repose sur la continuité et la régularité. Ces pauses forcées risquent d’entraîner une perte de connaissances, particulièrement chez les élèves en difficulté.
Dans un contexte où la délinquance prend un visage de plus en plus juvénile, où le gouvernement peine à créer les conditions d’épanouissement nécessaire à cette jeunesse, qui paiera le prix? D’aucuns affirment déjà que cette suspension de l’année scolaire pour cette élection tient au fait que c’est cette jeunesse qui devra remplir les stades et autres lieux des meetings à venir. C’est à croire que l’avenir de cette élection se joue dans les salles de classe et non dans les urnes.