Le Gabon se trouve dans une situation budgétaire délicate pour 2025, avec un projet de budget stable à 4 204,9 milliards fcfa, mais un environnement macroéconomique incertain. En effet, la baisse attendue de la production pétrolière et le recul du prix du baril de pétrole à 75 USD risquent de compromettre les recettes fiscales, qui dépendent largement du secteur pétrolier. Les tensions économiques internes, comme la hausse des arriérés et la dégradation des perspectives de liquidité soulignées par Fitch, compliquent davantage la gestion du budget, déjà sous pression.
Le ministre des Comptes publics et de la Dette, Charles M’Ba, a récemment affirmé que le Gabon n’est pas en faillite et que le gouvernement respecte ses engagements financiers, notamment en honorant ses échéances sur les euro-obligations. Il a souligné que des décisions responsables ont été prises pour maintenir la confiance des investisseurs, et que des agences telles que Fitch Ratings reconnaissent le sérieux du Gabon dans la gestion de sa dette extérieure. Des propos à nuancer.
Alors que l’Opep+ a opté pour une augmentation progressive de la production de pétrole à partir d’avril 2025, cette stratégie pourrait aggraver les défis du Gabon. En effet, la mise sur le marché de volumes de pétrole supplémentaires dans un contexte de baisse de la demande mondiale et de stagnation des prix risque de réduire les recettes des pays exportateurs, comme le Gabon. Le recul de la production pétrolière gabonaise à 11,125 millions de tonnes en 2025, couplé à une baisse du prix du baril de 5,1%, pourrait freiner l’expansion budgétaire du pays, particulièrement dans un environnement global incertain marqué par des tensions géopolitiques et économiques.
L’analyse de Fitch de ce mois de janvier met d’ailleurs en lumière des difficultés accrues liées à l’endettement du Gabon, avec des échéances de dette extérieure de 3,7% du PIB en 2025, et une forte pression sur la liquidité. Alors que les prévisions pour 2025 intègrent une croissance de secteurs comme le manganèse et le bois débité, les recettes de ces secteurs restent insuffisantes pour compenser les fluctuations dans le secteur pétrolier. La dépréciation du taux de change du dollar et les tensions sur les financements externes accentuent encore les défis du pays. Le Gabon devra probablement recourir à une assistance extérieure, probablement par le biais du FMI.
L’Opep+, en maintenant sa politique de réaugmentation progressive de la production, met les pays comme le Gabon dans une position de vulnérabilité. La dépendance des finances publiques gabonaises vis-à-vis du pétrole, associée à un environnement économique difficile et à des prévisions de prix bas à moyen terme, laisse présager une année 2025 marquée par de multiples défis pour la gestion des finances publiques et la réalisation des objectifs de croissance.