Ce 19 mai 2025, la Cour internationale de justice (CIJ) a attribué l’île Mbanié et les îlots voisins à la Guinée équatoriale, tranchant un différend vieux de plusieurs décennies. Pour le Gabon, cette décision ne signifie pas seulement la perte d’un territoire de 30 hectares, mais l’abandon d’une zone maritime au fort potentiel énergétique, dans un contexte où la diversification des réserves pétrolières devient une urgence nationale.
Une région à 743 millions de barils de pétrole
Les eaux entourant Mbanié sont situées dans une zone offshore du golfe de Guinée identifiée comme riche en hydrocarbures. Selon les données de S&P Global, la région recèlerait jusqu’à 743 millions de barils équivalents pétrole. Le Gabon, dont la production pétrolière est en baisse depuis son pic de 2010, aurait pu bénéficier de cette manne pour soutenir sa balance des paiements et renforcer les recettes fiscales, alors même que la masse salariale publique atteint 825,3 milliards de fcfa en 2025.
Le Gabon affaibli
Cette décision affaiblit la position du Gabon face à ses voisins dans la course aux ressources offshore. Tandis que la Guinée équatoriale s’empresse de redéfinir ses blocs d’exploration dans la zone Mbanié, Libreville doit revoir sa stratégie énergétique vers des blocs plus au sud (comme Nyonie Deep 1 ou Topaze-Pilote), avec des incertitudes liées à la rentabilité et aux conditions d’exploitation. Le désengagement partiel de certaines majors pétrolières de zones complexes au Gabon rend la mobilisation des investissements encore plus difficile.
Une impérieuse réévaluation de la politique énergétique gabonaise
Ce revers doit pousser les autorités gabonaises à renforcer la gouvernance de leur secteur extractif, à diversifier leurs partenaires et à intégrer la transition énergétique dans leur stratégie à moyen terme. Il s’agit également de tirer les leçons d’un contentieux mal maîtrisé sur le plan diplomatique et juridique, pour éviter à l’avenir la perte de zones d’intérêt stratégique et économique.