Le paysage économique gabonais s’apprête à vivre une nouvelle phase avec l’arrivée d’Alain-Claude Kouakoua à la tête de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG). Cette passation de témoin avec Henri-Claude Oyima, nommé ministre de l’Économie, des Finances, de la Dette, des Participations et de la Lutte contre la vie chère, intervient dans un contexte de transformation institutionnelle de la Ve République. Elle illustre la volonté d’assurer une continuité stratégique entre les sphères publique et privée pour mieux accompagner les réformes économiques en cours.
Alain-Claude Kouakoua, homme d’affaires influent et patron du groupe ACK qui s’illustre dans divers domaines à savoir le BTP, les assurances et les services, n’est pas un inconnu dans les milieux économiques gabonais. Vice-président en charge du Corridor Logistique, Représentant des fédérations métiers Logistique, Transport et Construction au sein de la FEG, il a activement participé à plusieurs projets durant la transition politique, notamment le réaménagement du rond-point d’ACAE et celui en cours, des Charbonnages à Libreville. Cette présence visible sur le terrain a renforcé son image d’acteur engagé pour l’amélioration du cadre de vie urbain et pour la redynamisation des investissements publics-privés. Pour rappel, le groupe ACK compte notamment les entreprises MIKA Services, Soleo, Trans’form, ELESA, GME, SMITH Services, Laruche, MBA, etc.
Par ailleurs, Kouakoua occupe une autre fonction stratégique : il est le président du conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), un levier central dans la politique sociale du pays. Ce double positionnement, à la tête du patronat et d’un acteur majeur de la protection sociale, lui confère une responsabilité particulière dans la conduite d’un dialogue constructif entre les entreprises et l’État, à l’heure où les attentes des populations en matière de justice sociale, d’accès aux soins et de création d’emplois sont plus fortes que jamais.
Le défi est donc double : préserver la cohésion du secteur privé dans un environnement économique exigeant, tout en affirmant une posture d’ouverture et de collaboration avec les autorités. Avec la réforme de la commande publique, la nécessaire modernisation des PME, et les impératifs de rigueur budgétaire, Alain-Claude Kouakoua devra inscrire son action dans une logique d’équilibre entre ambition de croissance et responsabilité sociale. Sa capacité à incarner une nouvelle génération de leadership économique sera déterminante.
Cette nomination vient par ailleurs conforter la stratégie du gouvernement de transition, qui semble vouloir s’appuyer sur des figures économiques solides, déjà engagées dans le tissu national, pour appuyer la refondation en cours. À la tête de la FEG, Kouakoua incarne une continuité pragmatique, tout en ouvrant une nouvelle page du patronat gabonais, résolument tournée vers le développement, l’innovation et l’ancrage social. Est-il l’homme de la situation dans un Gabon où les entrepreneurs locaux sont spoliés ? Seule l’histoire nous le dira. Nous y reviendrons.
