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Industrie pharmaceutique : quand Ali Bongo avait une longueur d’avance sur le continent

le coup de coeur

Aujourd’hui, les experts économiques et financiers africains s’accordent : l’industrie pharmaceutique est un levier clé du développement du continent. Produire localement des médicaments n’est plus seulement une option, c’est une nécessité stratégique. Pourtant, bien avant que cette tendance ne s’impose dans les grands forums économiques, le Gabon avait déjà initié cette transformation sous l’impulsion d’Ali Bongo Ondimba.

En misant sur la production locale de médicaments, l’ancien président gabonais déchu avait anticipé un besoin crucial : réduire la dépendance aux importations massives et structurer une filière capable de soutenir la souveraineté sanitaire du pays. 

En 2020, l’usine La Santé Pharmaceutique SA (LSP) voyait le jour dans la Zone Économique Spéciale (ZES) de Nkok, un pôle industriel stratégique à 27 km de Libreville. L’objectif était clair : produire localement des médicaments génériques de qualité pour couvrir les besoins nationaux et réduire la dépendance du Gabon aux importations.

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À l’époque, peu de pays africains avaient pris ce virage. L’Afrique importait encore plus de 70% de ses médicaments, principalement d’Europe, d’Inde et de Chine. Pourtant, avec la crise de la Covid-19 et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la nécessité d’une industrie pharmaceutique forte en Afrique est devenue une évidence.

Ali Bongo l’avait vu avant tout le monde

Malgré cette vision stratégique, la mise en œuvre n’a pas été à la hauteur des ambitions initiales. LSP peine à s’imposer sur le marché gabonais malgré un investissement de 20 milliards de fcfa. En cause ? Un écosystème verrouillé par deux géants de l’importation pharmaceutique : Ubipharm et Pharmagabon. Ces deux sociétés dominent un marché estimé à plus de 60 milliards de fcfa, grâce à des circuits de distribution bien établis et une forte présence dans les pharmacies du pays. Résultat : les médicaments importés restent largement privilégiés par rapport à ceux produits localement.

Autre frein : l’absence de politiques publiques incitatives pour favoriser la production nationale. Alors que d’autres pays mettent en place des mesures de préférence pour les médicaments locaux, le Gabon peine encore à structurer un cadre réglementaire qui soutiendrait véritablement son industrie pharmaceutique. Les discussions du huitième Forum des entreprises africaines ont une nouvelle fois mis en avant l’industrie pharmaceutique comme un secteur clé pour l’industrialisation du continent. 

D’ailleurs, Alexandre Barro Chambrier, vice-Premier ministre de la transition, qui a représenté le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris part ce 17 février 2025 à l’ouverture de la huitième édition du Forum des entreprises africaines placée sous le thème : « Du potentiel à la prospérité : activer les chaînes de valeur régionales ».

Dans le panel présidentiel, le vice-Premier ministre gabonais a rappelé la bonne avancée du processus de Transition et le respect du chronogramme, avec l’organisation prochaine de l’élection présidentielle en avril. Il a également réaffirmé la volonté du Gabon de s’inscrire pleinement dans la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), mettant en avant les initiatives du pays en ce sens, parmi lesquelles la construction de corridors stratégiques tels que Ndendé–Doussala, Oyem-Assok-Medzeng et Kougouleu-Medouneu, ainsi que l’érection d’un poste frontalier à guichet unique dans la zone des trois frontières (Gabon-Guinée équatoriale-Cameroun). Ce, dans le but  de faciliter la libre circulation des personnes et intensifier les flux commerciaux de biens et de services. 

Quant à Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la CEA, il a insisté sur l’urgence de développer des chaînes de valeur régionales pour réduire la dépendance aux importations et créer des opportunités économiques locales. C’est exactement ce qu’Ali Bongo avait cherché à faire avec LSP. L’idée était bonne, la vision était claire, mais l’exécution a été freinée par les mêmes problèmes qui ont conduit à sa chute : la mauvaise gouvernance. Aujourd’hui, la question est simple : le Gabon saura-t-il donner un second souffle à son industrie pharmaceutique pour concrétiser cette ambition ?

La balle est désormais dans le camp des décideurs du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTR). Car si le continent veut réduire sa vulnérabilité et renforcer sa souveraineté sanitaire, il faudra s’appuyer sur les initiatives pionnières comme celle du Gabon. Toute chose qui implique de revoir en profondeur les politiques de distribution, de faciliter l’accès au marché pour les producteurs locaux et de repenser les mécanismes de financement du secteur. Sans une volonté politique forte et une implication accrue des acteurs privés, le risque est que LSP demeure un projet sous-exploité, incapable de jouer le rôle moteur qu’il aurait pu avoir.

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