L’adhésion à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) a été perçue comme une avancée majeure pour le Gabon dans sa lutte contre la corruption. Pourtant, les pratiques opaques continuent de peser lourdement sur le secteur extractif. Bien que le rapport ITIE 2021 ait mis en lumière des failles structurelles, la gouvernance et la transparence ne progressent qu’à un rythme limité, tandis que des choix stratégiques, comme le rachat d’Assala Energy, posent question.
Risque de mauvaise gestion
En 2022, l’ITIE a permis de révéler des flux financiers non documentés, comme les 8,3 milliards de fcfa répertoriés sous des catégories génériques et inexpliquées. Ce manque de transparence alimente un flou autour des montants réels collectés par l’État. Dans le même temps, la non-disponibilité de données détaillées sur les bénéficiaires réels des entreprises extractives reste un frein majeur à la lutte contre la corruption. L’absence de registre public des bénéficiaires effectifs, pourtant exigé par la Norme ITIE, laisse subsister un cadre où les conflits d’intérêts et les pratiques frauduleuses peuvent prospérer.
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Aussi, l’un des dossiers les plus sensibles concerne le rachat d’Assala Energy par l’État gabonais. En 2022, cette entreprise a contribué à hauteur de 268 milliards de fcfa, soit environ 23 % des recettes pétrolières. Si l’acquisition vise à renforcer la souveraineté énergétique, les conditions dans lesquelles elle a été réalisée suscitent des interrogations. Aucune étude d’impact publique n’a été fournie pour évaluer la viabilité économique de cette opération. Pire, dans un secteur où la transparence est déjà un défi, cette transaction accentue le risque de mauvaise gestion et de détournement des revenus générés par Assala.
Restaurer la confiance des investisseurs
Par ailleus, la lutte contre la corruption exige des réformes profondes et rapides. En 2022, des écarts significatifs, atteignant 1402 milliards de fcfa, ont été constatés entre les recettes déclarées par les différentes agences publiques. Ces anomalies, si elles ne sont pas corrigées, continueront de saper les efforts de l’ITIE et de limiter l’impact des ressources naturelles sur le développement économique et social. La mise en place d’un registre des bénéficiaires effectifs et l’audit systématique des flux financiers sont des mesures incontournables pour restaurer la confiance des investisseurs et garantir une gestion rigoureuse.
Bien que l’ITIE Gabon ait permis de poser les bases d’une gouvernance plus transparente, la corruption et les pratiques opaques restent profondément enracinées dans le secteur extractif gabonais. Si l’État ne renforce pas ses institutions et ne prend pas des décisions stratégiques claires et justifiées, comme celle du rachat d’Assala, le Gabon continuera de voir ses richesses naturelles s’évaporer au détriment de son développement.