Le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a récemment participé à une série de rencontres officielles à Bruxelles, visant à renforcer la coopération entre le Gabon et l’Union européenne (UE). C’est en marge de ces échanges stratégiques qu’une aide financière de 9 millions d’euros (environ 6 milliards de fcfa) a été annoncée pour accompagner le Gabon dans sa transition verte. Bien que cet appui marque une volonté européenne de soutenir les efforts environnementaux du pays, il reste largement insuffisant pour répondre aux besoins réels de cette transformation cruciale.
Avec plus de 80% de son territoire recouvert de forêts, le Gabon est souvent présenté comme un champion de la préservation environnementale. Grâce à une bonne gestion de l’environnement, les forêts gabonaises absorbent à ce jour près de 100 millions de tonnes de CO2 par an, soit environ un tiers du carbone émis par la France par exemple. Une bonne quantité de cette absorption contribue à atténuer les effets des changements climatiques.
Un appui insignifiant
Cependant, l’appui financier récemment annoncé par l’Union européenne, d’un montant de 9 millions d’euros (environ 6 milliards de FCFA), soulève des interrogations sur son adéquation face aux défis colossaux de la transition verte dans le pays. Et pour cause, le Gabon s’est engagé à maintenir un faible niveau de déforestation, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à diversifier son économie autour de la gestion durable des forêts.
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Ces objectifs ambitieux nécessitent des investissements massifs dans des secteurs clés, notamment la conservation de la biodiversité, le développement des énergies renouvelables et la transformation des chaînes de valeur forestières.
Un besoin du pays estimé à 1200 milliards de fcfa
Les experts estiment que le pays a besoin d’au moins 1 à 2 milliards de dollars sur la prochaine décennie, soit 600 à 1 200 milliards de fcfa, pour atteindre ses objectifs. En comparaison, les 6 milliards de fcfa promis par l’Union européenne représentent à peine 1% de ce montant estimé. Bien que cet engagement illustre un soutien symbolique, il reste largement insuffisant pour couvrir les coûts réels. La gestion durable des forêts nécessite un budget annuel de 50 millions de dollars (30 milliards de fcfa), selon plusieurs études dont certaines de la Banque mondiale, tandis que la transition vers des énergies renouvelables pourrait coûter plus de 300 millions de dollars sur les dix prochaines années.
La disparité entre les annonces de financement et les besoins réels met en lumière une contradiction : le Gabon est reconnu comme un acteur clé dans la lutte contre le changement climatique, mais il ne bénéficie pas d’un soutien financier proportionné à son rôle crucial. À l’issue de la COP29, marquée par des promesses jugées décevantes, il devient impératif pour Libreville de plaider pour une compensation financière plus juste et adaptée aux efforts déjà consentis par le pays. Ce n’est pas un chèque cadeau de 9 millions d’euros qui résoudra ce problème.