Depuis sa prise de fonction en septembre dernier, Jean Cruz Lessagui, le nouveau directeur général de la Marine marchande, fait face à de vives critiques. Accusé de despotisme au sein de l’entité, il s’attire la colère des agents et du Syndicat national des agents de la Marine marchande (Synamm) par sa décision controversée de suspendre unilatéralement le bureau syndical.
Cette suspension est survenue alors que les agents attendaient impatiemment des améliorations de leurs conditions de vie et de travail, ainsi que le paiement de leurs primes. La décision de Jean Cruz Lessagui, jugée « totalement illégale » par le Synamm, semble viser à remettre en question la légitimité de l’adhésion du syndicat à l’intersyndicale, qualifiant cette affiliation de « problématique« , voire à « refaire« . « L’adhésion, voire le mandat du Synamm à l’intersyndical est carrément problématique, sinon à refaire », précise une note du 7 novembre 2024 signée par le directeur général.
Tentative de manipulation ?
Jean Cruz Lessagui brandit son autorité déclarant qu’en tant que directeur général, il peut suspendre le bureau du Synamm, insistant sur la nécessité de convoquer de nouvelles élections pour former un bureau « légal« . Cette démarche est perçue par les syndicalistes comme une tentative de « manipulation des consciences« , accusant Lessagui de ne pas apporter de solutions aux revendications en cours. « La nuance n’étant pas difficile à saisir, l’appel à l’élection urgente d’un nouveau bureau légal constitue à minima une suite logique et, à maxima une preuve factuelle que seuls les manipulateurs des consciences ont le secret de la recette », ajoute la note signée du directeur général de la Marine marchande.
Le ministère des Transports, par la voix de son secrétaire général, a pourtant ordonné l’annulation de cette suspension, soulignant l’ingérence du directeur général dans la gestion syndicale. Cependant, Jean Cruz Lessagui persiste, restant « droit dans ses bottes« , au grand dam des membres du Synamm.
Des agents laissés-pour-compte
Les agents de la Marine marchande, quant à eux, se disent laissés-pour-compte. Contrairement à leurs homologues d’autres administrations, ils n’ont toujours pas touché leurs primes. Ils appellent à une clarification urgente sur la gestion des finances et des ressources de cette entité stratégique. Parmi les revendications, figurent le paiement des primes de rendement, l’organisation de formations, et la résolution d’un conflit de compétence entre la direction générale de la Marine marchande et celle de la Mer.
La situation est également aggravée par l’exigence du personnel pour la tenue des états généraux de la Marine marchande afin de tirer au clair les dysfonctionnements et tracer une feuille de route pour l’avenir de cette entité cruciale. Dans cette ambiance tendue, le leadership de Jean Cruz Lessagui est plus que jamais critiqué, considéré par beaucoup comme un obstacle aux revendications légitimes des agents. Sa capacité à sortir de cette tempête est désormais mise à l’épreuve.