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    Gabon: le paradoxe EBOMAF ou quand un constructeur routier équipe le ministère des Travaux publics

    le coup de coeur

    Ferdinand DEMBA
    Ferdinand DEMBAhttp://www.insidenews241.com
    Passionné de lettres et désormais de chiffres, FD est le directeur de publication d’Inside News241. Journaliste de métier et de convictions, lui et son équipe sont au service d’une information objective, d’utilité publique et au service de la vérité.

    La réception par le Gabon, le 24 novembre 2024, d’un lot d’équipements lourds d’une valeur de 64 milliards de fcfa financés par la société burkinabé EBOMAF soulève des questions fondamentales sur la séparation des rôles entre les acteurs économiques et les autorités publiques. EBOMAF, connue pour ses contrats dans le secteur de la construction routière, a signé un partenariat avec l’État gabonais, lui permettant de financer des équipements pour les ministères des Travaux publics et de l’Agriculture. Si cet apport contribue à la modernisation des infrastructures, il interpelle sur l’impartialité des mécanismes de contrôle dans ce secteur stratégique.

    De l’indépendance du ministère des Travaux publics

    Le premier point d’interrogation réside dans le rôle d’EBOMAF. En tant qu’entreprise chargée de travaux de construction routière au Gabon, notamment les travaux de la voie de contournement du Grand Libreville et ceux de l’axe Ntoum-Cocobeach lancés sous une nouvelle ère pour les infrastructures routières, comment se justifie-t-il qu’elle participe au financement des équipements d’un ministère qui est censé superviser et évaluer la qualité de ses propres chantiers ? Ce positionnement peut engendrer des conflits d’intérêts, dans la mesure où l’entreprise devient à la fois prestataire et bienfaitrice de l’organisme chargé de la contrôler. Une telle situation pourrait affaiblir l’indépendance du ministère dans ses fonctions de régulation.

    LIRE AUSSI : Gabon : l’État reçoit une dotation  d’équipements lourds d’Ebomaf 

    Cette configuration met en lumière un risque de captation des institutions publiques par des acteurs privés. Si le ministère des Travaux publics accepte de tels financements, cela pourrait limiter sa capacité à imposer des exigences strictes à l’entreprise sur les délais, la qualité ou le respect des normes environnementales et sociales. En effet, comment garantir qu’EBOMAF qui entend investir pas moins de 700 milliards de fcfa d’ici les prochaines années dans divers projets, sera évaluée de manière équitable, sans favoritisme, lorsque la même entreprise contribue de manière significative aux équipements nécessaires à cette évaluation ?

    Une réponse aux contraintes budgétaires ?

    D’un autre côté, ce partenariat peut être perçu comme une réponse pragmatique face aux contraintes budgétaires. Dans un contexte où les ressources publiques sont souvent priorisées pour les dépenses courantes, des financements privés permettent de combler certaines lacunes en équipements et infrastructures. Cependant, cette approche pose une question cruciale : à quel prix ? La dépendance envers des financements externes pourrait fragiliser la souveraineté du ministère et compromettre sa neutralité.

    Si la dotation d’EBOMAF est effectivement un levier pour renforcer les capacités des ministères, elle soulève néanmoins des préoccupations légitimes sur l’indépendance des institutions publiques et la transparence des processus de contrôle. Cette situation nécessite une réflexion approfondie sur la nécessité de tracer des lignes claires entre les responsabilités des acteurs privés et celles des autorités publiques. 

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