Triste nouvelle pour le monde politique gabonais ce mardi 4 février. Maître Louis Gaston Mayila, homme politique aux multiples facettes, vient de quitter le monde des vivants à Paris, après un long retrait de la scène politique où il n’était plus apparu. Son départ laisse un grand vide dans le monde politique et au sein de sa famille biologique. A soixante dix huit ans, le président-fondateur de l’Union pour la nouvelle République (UNPR), s’en est allé après une longue et riche consécration à la vie politique. Son nom résonnera au-delà du temps comme l’exemple d’une dévotion patriotique envers le Gabon son pays.
Un patriarche s’en est allé
Pour Amadou Hampâté Bâ : « quand un vieillard meurt en Afrique, c’est toute une bibliothèque qui brûle ». Cette célèbre maxime du penseur sénégalais illustre bien la triste mélopée que fredonne les férus de la politique gabonaise en ce jour où le pays vient de perdre un de ses baobabs politiques. Louis Gaston Mayila, trait d’union des générations politiques qui se sont succédé à la tête du pays, quitte le monde des vivants après avoir été le témoin des époques et de l’histoire politique du Gabon aux côtés d’autres éminentes personnalités.

Plusieurs fois nommé ministre dans les gouvernements d’Omar Bongo, le chef de l’Union pour la nouvelle République (UNPR) a mené le combat de la pluralité politique en contribuant vigoureusement aux débats relatifs aux progrès socio-politiques. Sous le régime d’Ali Bongo le déchu, Louis Gaston Mayila s’était employé dans ses fulgurances à traire de sa réflexion les idées les plus nobles pour les mettre au service de la nation. Son départ de ce monde prive le Gabon du témoignage d’un homme qui a vécu les premières heures de son édification. De l’indépendance en 1960 à cette étape cruciale de la Transition.
Le parcours tumultueux d’un homme qui aimait la chose publique
La vie de Louis Gaston Mayila restera un sacerdoce. Le natif de Boungounga, né le 25 janvier 1947 dans la province de la Ngounié, a connu un parcours politique riche en rebondissements. Sa détermination et sa résilience l’ont permis de tronquer sa toge d’avocat pour être parmi les précurseurs de la République. Avec ses passions, ses rêves, ses idéologies, Louis Gaston Mayila savait se placer lorsqu’il s’agissait de faire prévaloir l’intérêt suprême de la Nation, mais pas que. Il a vécu sa passion en ayant pour principale qualité la sagesse d’agir.
Il débute sa carrière en 1973 comme responsable de la formation et du recrutement chez Shell Gabon. Puis est nommé secrétaire général de l’Aviation civile et commerciale. En 1974, il occupera le poste de directeur de l’École nationale d’administration (ENA) avant d’être désigné conseiller personnel adjoint du président Omar Bongo Ondimba. De 1975 à 1990, il sera tour à tour directeur de cabinet du président, ministre de l’Éducation nationale (1980-1987), ministre du Travail, de l’Emploi, des Ressources humaines et de la Formation professionnelle (1987-1989), ministre d’État chargé du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle (1989-1990).
Un soutien d’Omar Bongo et un homme de paix
Il quittera ensuite ses fonctions de conseiller personnel du président et pour fonder le Parti de l’unité du peuple (PUP), qui s’alliera au Parti démocratique gabonais (PDG) pour soutenir la candidature d’Omar Bongo lors de l’élection présidentielle de 1993.
Après les Accords de Paris de 1994, pour lesquels il jouera un rôle important, il sera nommé ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Décentralisation et de la Sécurité mobile, puis ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et de la Sécurité mobile en 1995. De 1997 à 2006, il sera désigné président du Conseil économique et social (CES), réintègrera le PDG (2005), puis deviendra vice-président du parti.
Il finira par être nommé vice-Premier ministre chargé des Affaires sociales en 2006, avant de quitter le gouvernement en 2007 après avoir fondé l’Union pour la nouvelle République (UPNR), un parti de la majorité présidentielle.
Quelques heures après l’annonce de sa disparition, les hommages affluent de la classe politique gabonaise pour saluer la mémoire d’un homme de grande envergure qui a su se consacrer à l’évolution du pays. Son combat pour la pluralité de l’expression démocratique avec comme leitmotiv, le développement du Gabon.