Le professeur Vincent Moulengui Boukosso a rejeté le projet de texte constitutionnel qui sera soumis au référendum le 16 novembre prochain. C’est au cours d’un point de presse tenu ce samedi 9 novembre que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, devenu opposant s’est livré à une diatribe contre ledit projet. Avec lui, l’Union républicaine pour la démocratie et le progrès (URDP).
Les raisons du revirement
À l’entame de la lecture de son discours de circonstance, Vincent Moulengui Boukosso a tenu a rappelé à son auditoire que son parti a soutenu le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au lendemain du renversement du pouvoir d’Ali Bongo, le 30 août 2023. Il a ensuite réitéré que les réformes suivant ce changement à la tête du pays, conditionneraient les rapports entre son entité politique et les militaires au pouvoir. Parmi ces changements attendus, la refonte des institutions républicaines prônée par Brice Clotaire Oligui Nguema.
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Tandis que le pays s’achemine vers cette date fatidique du 16 novembre, l’homme doté d’une expérience politique d’envergure change de posture et témoigne contre la possible concentration du pouvoir. «[…] L’Union Républicaine pour la Démocratie et le Progrès constate pour le regretter, que le nouveau projet de constitution soumis au verdict populaire, consacre un Président fort qui concentre tous les pouvoirs, symbole de dictature en lieu et place d’institutions fortes, symbole de démocratie», souligne-t-il, pour dénoncer les velléités liées à la verticalité du pouvoir qui donnerait au futur exécutif, la quasi-totalité des attributs dans une démocratie.
« Projet constitutionnel sans avancées majeures » ?
Pour ce parti, le deal passé avec l’actuel exécutif n’a pas tenu les promesses escomptées, au contraire, Brice Clotaire Oligui Nguema et son Comité pour la transition et la restauration des institutions auraient ouvertement banalisé les attentes légitimement formulées par cette formation politique de l’ancienne opposition. Qu’il s’agisse des dispositions relatives à l’équilibre des pouvoirs, des critères d’éligibilité à la fonction de président et de l’indépendance de la justice gabonaise, ils n’ont pas eu la satisfaction attendue, et leurs propositions formulées dans le cas de l’avant-projet constitutionnel, sont restées lettre morte. «Le 15 mars 2024, l’Union Républicaine pour la Démocratie et le Progrès a réitéré cette position [celle du soutien à la Transition, ndlr] et a sollicité la prise en compte de ses remarques sur l’avant-projet de constitution (…)», fait-il observer avant de déchanter. « […] Dans ce projet de constitution, il n’y a aucune disposition qui permet au pouvoir législatif d’arrêter le pouvoir exécutif en cas de dérapage de celui-ci», a-t-il ajouté.
En attendant l’issue du référendum, les partisans du «non» craignent l’essor d’un pouvoir absorbé par la tentative de confiscation absolue du pouvoir et ce, dans le contexte où la répartition du jeu de rôle démocratique entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire est plus que scruté et plébiscité. Il emboite le pas à la Dynamique unitaire qui au cours de sa sortie médiatique du 03 novembre 2024 avait aussi émis des réserves sur la fiabilité du projet constitutionnel.