dimanche, novembre 10, 2024
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    Théophile Lhye Moubassango/Mandah-Moni Dioumy : “Nous votons OUI à ce projet de Constitution”

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    Dans une tribune libre reçue par notre rédaction, Théophile Lhye Moubassango, producteur radio et homme de culture, ainsi que Mandah-Moni Dioumy, enseignant à la retraite et orateur traditionnel, donnent les raisons de leur choix du “OUI” au prochain référendum prévu cette fin d’année en République Gabonaise. Pour les deux doyens, le projet de Constitution du Gabon “rappelle dans son préambule que nous devons tirer les leçons de notre histoire politique récente et tenir compte des avis des Gabonais exprimés lors du Dialogue national inclusif tenu en avril 2024”. Lecture.

    « Être de père et de mère Gabonais, eux-mêmes nés Gabonais ». C’est le choix fait par le projet de constitution de réserver la fonction de président de la République aux seuls Gabonais nés de pères et de mères, eux-mêmes nés Gabonais, qui fait rage dans l’opinion.

    Certains estiment que cette disposition spécifique de l’article 53 du nouveau projet de constitution est discriminatoire et contraire à l’esprit et aux valeurs de la République, qui sont pourtant rappelées dans le préambule du texte en débat.

    La Constitution de notre pays rappelle aussi dans son préambule que nous devons tirer les leçons de notre histoire politique récente et tenir compte des avis des Gabonais exprimés lors du Dialogue national inclusif tenu en avril 2024.

    Si l’on s’en tient à cela, il est clair que le traumatisme est grand auprès de la majorité des Gabonais. La tendance qui a consisté à privilégier les expatriés ou les Gabonais binationaux dans la gestion du pouvoir a fait courir le risque suprême à la fonction de président de la République d’être un jour occupée par un homme ou une femme dont les origines pourraient ne pas être tracées par le plus grand nombre.

    Le débat sur la nationalité de l’ancien président ou le doute sur la “Gabonité” de l’ancien directeur de cabinet du président déchu (aussi appelé messager intime) a contribué à exacerber les craintes des Gabonais sur le fait que la fonction de président de la République serait, au final, convoitée par tout le monde, même par des personnages dont le lien avec le pays n’est pas sûr à 100 %.

    Nous croyons qu’ici, dans cet article 53 du nouveau projet de Constitution, les rédacteurs éclairés de ce projet ont plus pensé à protéger le pouvoir suprême qu’à exclure qui que ce soit. C’est dans l’intérêt de tous que le prochain président soit bien un Gabonais reconnu comme tel depuis deux (2) générations. Ce qui n’est pas différent de ce qui existait déjà dans la constitution de mars 1991, qui stipulait que pour les Gabonais ayant acquis la nationalité, ce n’est qu’à la 4e génération qu’ils pourraient prétendre à concourir pour le fauteuil suprême.

    Il faut dire aux détracteurs de cette disposition, qui ont pleinement le droit de la contester, qu’il arrive un moment dans l’histoire de notre pays où des choix douloureux doivent être faits pour l’intérêt supérieur de la Nation. Si nos compatriotes binationaux peuvent légitimement se revendiquer de bonnes intentions pour le pays, s’ils exerçaient cette fonction de président de la République, il n’en demeure pas moins que le doute existe. Certains frappés de la double appartenance pourraient mettre en péril l’intérêt supérieur du Gabon.

    C’est parce que ce doute existe que, de façon légitime, cette disposition de « Gabonais nés de pères et de mères eux-mêmes nés Gabonais » est mise en place. Aussi, parce que la Gabonaise a été écartée de la fonction symbolique de « Première dame » depuis 1994, soit 29 ans de désert et de disette, que l’autre disposition, qui veut que le prétendant à la fonction présidentielle soit également marié à une Gabonaise, a été introduite.

    Est-ce qu’au regard de notre histoire politique et des esprits actuellement effarouchés, peut-on accepter un président qui serait, par exemple, un franco-gabonais et qui serait marié à une femme de nationalité tunisienne ? Parce que c’est de cela qu’il s’agit. La présidence de la République est le centre politique, spirituel et cultuel de notre pays. Dans toutes les sociétés, les gardiens du temple doivent être des autochtones de la Nation pour être en mesure de préserver l’authenticité et les secrets du Gabon.

    Mes chers compatriotes, Gabonais de père et de mère, Gabonais de père ou de mère gabonais, Gabonais d’adoption, dans ce projet de Constitution, voyez-y la volonté de protéger notre pays des pirates politiques qui pourraient nous attaquer au large de la fonction présidentielle, fonction à partir de laquelle doit être lancée la croisade pour la préservation de l’identité gabonaise et l’honneur de notre peuple. Avec l’assurance que nous, Gabonais, sommes divers et solidaires. La loi est certes générale et impersonnelle, mais elle s’applique à des individus bien réels.

    Nous votons OUI à ce projet de Constitution.

    Théophile Lhye Moubassango Producteur radio, Commandeur du Mérite Gabonais, homme de culture

    Mandah-Moni Dioumy 

    Enseignant à la retraite, ancien sous-préfet, orateur traditionnel

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