Le 12 mars 2024 marque une date clé pour le secteur de l’aviation gabonais, avec l’État prenant une participation majoritaire de 56 % dans la compagnie privée Afrijet par le biais de Fly Gabon Holding. Ce partenariat innovant pose les bases d’une nouvelle compagnie nationale, tout en intégrant les succès et l’expertise d’Afrijet. Dans une récente interview accordée à L’Union, Nyl Moret-Mba, directeur général de Fly Gabon, partage ses réflexions sur cette mutation significative et le rôle accru de l’État dans ce secteur vital, sans répéter les erreurs du passé.
Bien que Fly Gabon Holding ait désormais une position majoritaire, Afrijet continuera d’opérer sous son nom actuel jusqu’au troisième trimestre 2025. Durant cette période de transition, le nom Afrijet perdurera pour garantir la continuité des opérations tout en préparant le terrain pour l’adoption du nouveau nom commercial Fly Gabon. Cette phase de deux ans permettra une intégration en douceur, minimisant les perturbations pour la clientèle existante et maximisant la reconnaissance de la nouvelle marque.
Un modèle de gouvernance mixte et moderne
La décision de l’État gabonais de ne pas créer une nouvelle compagnie ex nihilo, mais de s’appuyer sur la structure et les succès d’Afrijet, illustre une approche pragmatique et novatrice. Comme l’a souligné Nyl Moret-Mba, cette démarche vise à allier la « puissance d’un État » avec « l’agilité et l’esprit d’entreprise » d’Afrijet. Ainsi, si la compagnie conserve son caractère privatif, elle doit désormais aussi œuvrer pour les intérêts de la nation.
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Le nouveau mode de gouvernance repose sur un Conseil d’Administration pluraliste, intégrant à la fois des représentants publics et privés, dotés d’une expertise avérée dans le secteur aérien. Ce Conseil est essentiel pour aligner les stratégies de la compagnie avec les besoins nationaux, tout en garantissant une gestion financière saine.
Sécurité et rentabilité en ligne de mire
Sous l’égide de Fly Gabon, la compagnie mise sur les plus hauts standards de sécurité aérienne internationale, avec une certification IOSA, pour renforcer sa croissance et sa rentabilité. « La compagnie doit demeurer rentable et saine financièrement, pour poursuivre sa croissance avec l’appui de son nouvel actionnaire majoritaire », a affirmé Moret-Mba, soulignant que la recherche d’un juste équilibre entre les missions publiques et les impératifs économiques reste primordiale.
Défis marketing et reconnaissance internationale
La transition vers la marque Fly Gabon n’est pas qu’un simple changement de nom. Moret-Mba reconnaît que cette opération est un « long chantier marketing » destiné à faire connaître ce nouvel acteur sur la scène internationale et régionale. Le double branding « un opérateur, deux marques » durera jusqu’à une intégration totale, afin de conserver la clientèle actuelle tout en exploitant les acquis d’Afrijet pour hisser Fly Gabon à un niveau de reconnaissance supérieur.
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En définitive, cette prise de participation majoritaire par l’État gabonais dans Afrijet à travers Fly Gabon Holding représente une nouvelle ère pour l’aviation gabonaise. Cette synergie entre le public et le privé est conçue pour garantir une croissance soutenue, une gouvernance efficace et la satisfaction des besoins du pays en matière de transport aérien. Les nouvelles autorités semblent bien partie pour réussir là où tant d’autres ont échoué, en appliquant des leçons du passé pour assurer un avenir prospère. Seul le temps nous dira si cette stratégie est payante pour relancer le transport aérien national.