L’attribution du contrat controversé entre le Gabon et Karpowership suscite de plus en plus d’interrogations. Alors que le pays fait face à une crise énergétique persistante, la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) a décidé de se pencher sur les conditions de négociation et de signature de cet accord, dont les implications financières pourraient peser lourdement sur les finances publiques.
Coût trop élevé du contrat
D’après les informations révélées par Jeune Afrique ce vendredi 31 janvier, plusieurs signaux d’alerte avaient été émis avant la signature du contrat. La SEEG, pourtant en première ligne pour gérer l’approvisionnement en électricité, avait jugé le coût de cette solution trop élevé et s’était déclarée incapable d’en supporter la charge. Malgré ces réserves, le ministre de l’Énergie de l’époque, Jeannot Kalima, accompagné d’autres membres du gouvernement, a tenu à parapher l’accord avec la société turque.
Plus de 12 milliards de fcfa par mois
L’un des points centraux de l’enquête concerne le choix du fioul lourd comme combustible pour les centrales flottantes de Karpowership. Ce choix, qui aurait un impact financier de plus de 12 milliards de FCFA par mois, aurait été validé en dépit des avertissements sur ses conséquences budgétaires. Pourquoi les autorités ont-elles accepté un tel risque alors que d’autres alternatives, comme la prolongation du contrat d’Aggreko, étaient envisageables ?
La CNLCEI cherche désormais à comprendre les véritables motivations ayant conduit à cette décision. Y a-t-il eu des pressions, des conflits d’intérêts, ou même des irrégularités dans la procédure d’attribution du marché ? Le fait que certains hauts responsables, comme l’ex-directeur général de la SEEG Joël Lehman Sandoungout, aient refusé d’apposer leur signature sur ce document en dit long sur la controverse qui entoure cette affaire.
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Dans ce contexte, l’enquête de la CNLCEI pourrait bien révéler un scandale d’État aux ramifications profondes. Si des malversations sont confirmées, des sanctions pourraient tomber et remettre en question la gestion du secteur énergétique au Gabon. En attendant, les populations du Grand Libreville continuent de subir les délestages, témoins impuissants de ce qui s’annonce comme une affaire explosive.