Ce 26 juillet 2024, l’agence de notation américaine Fitch Ratings a rétrogradé la note de crédit long terme du Gabon à CCC+, exprimant ses préoccupations concernant la capacité de remboursement de la dette du Gabon, rejoignant ainsi Moody’s et le FMI dans leurs analyses. Outre le passage de B- à CCC+, cette situation met en lumière les défis économiques auxquels le pays fait face, notamment en matière de gestion de la dette, de diversification économique et de dépendance aux exportations de matières premières que semblent ignorer le régime en place.
Il y a tout juste deux mois, le 31 mai 2024, les administrateurs du Fonds monétaire international (FMI), soulignaient « l’urgence d’une consolidation budgétaire décisive pour garantir la viabilité des finances publiques, tout en préservant la capacité à répondre aux importants besoins sociaux et de développement ». Dans la foulée, ils encourageaient le gouvernement « à une plus grande efficacité budgétaire et l’accroissement des marges budgétaires grâce à l’adoption de mesures fiscales ». Politiquement correct, ils énonçaient à demi-mot les difficultés économiques actuelles.
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Deux mois plus tard et après Moody’s, c’est au tour de Fitch Ratings d’émettre des doutes sur les capacités de financement du pays. En effet, en abaissant de B- à CCC+, la note de crédit long terme, l’agence de notation américaine a mis en avant les « risques croissants pour la capacité de remboursement de la dette, les risques pour la capacité du Gabon à mobiliser des financements suffisants et la faible flexibilité de financement ». Un cercle vicieux qui compromet la viabilité des finances publiques et met en péril la capacité d’investissement d’un pays pourtant engagé dans une politique de réformes infrastructurelles.
Plus de 365 milliards d’euros-obligations à rembourser d’ici 2025
A ces risques majeurs pour une économie déjà fragile et encore plus fragilisée par les investissements actuels avec en point d’orgue, le rachat d’Assala qui devrait finalement coûter de l’argent avant d’en rapporter (on évoque 144 milliards de fcfa de remboursements par an à Gunvor sur cinq ans), on peut y ajouter les 365 milliards de fcfa de remboursement prévus d’euro-obligations en 2025 ou encore des arriérés externes sur la dette envers les créanciers officiels estimés à 165 milliards de fcfa. La dette publique pour 2023 étant dans le même temps estimée à 70,4 % du PIB, la situation est donc d’autant plus délicate.
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Porté vers un populisme inopportun, le général-président s’entête pourtant dans sa politique budgétaire expansionniste, quand bien même le déficit budgétaire du Gabon s’élargirait à 3,9 % du PIB en 2024 selon les analystes de Fitch Ratings. Le budget 2024, le plus important de l’histoire du pays à plus de 4162 milliards de fcfa, n’ayant pas fait l’objet d’une rigoureuse analyse par Mays Lloyd Mouissi et le gouvernement de Transition, avec une hausse de la masse salariale prévue à hauteur de plus de 60 milliards de fcfa, des mesures de collecte de recettes qui restent limitées et le bilan des dépenses extrabudgétaires ajoute des incertitudes à la trajectoire fiscale. Les observateurs gabonais se demandent bien sur quoi s’appuie le général Brice Clotaire Oligui Nguema pour afficher une telle assurance dans la gestion des finances publiques avec l’annonce d’un nouveau projet de dépense à chaque fois.