En annonçant le 10 juillet 2024, la publication des contrats et des permis des secteurs pétrolier, minier et forestier, le gouvernement gabonais laissait enfin planer l’espoir d’une totale transparence dans la gouvernance de ces secteurs stratégiques pour notre économie. Suscitant attentes et expectatives de là part de l’opinion, cette annonce suivie depuis ce mardi 31 juillet par la publication des contrats forestiers, mais uniquement forestiers, laisse désormais planer le doute sur la réelle volonté du gouvernement de s’affranchir de son opacité. Et pour cause, alors que le rapport ITIE 2024 n’est toujours pas disponible, la non publication de ces conventions stratégiques en interroge plus d’un.
“Le processus de publication des contrats est en cours et se déroule avec l’implication du ministère du Pétrole, du Ministère des mines et du ministère des Eaux et Forêts”. Ce sont les termes du ministère de l’Economie et des Participations de Mays Lloyd Mouissi, qui a indiqué dans le même élan, que celle-ci, se poursuivra au fur et à mesure de la numérisation des différents documents. On comprend donc qu’étonnement, les contrats pétroliers signés entre l’Etat et les opérateurs privés, n’avaient pas pour vocation à être rendu public. Chose étrange quand on sait que les principales parties concernées sont les populations, qui n’en savent absolument rien.
En décidant de ne publier que neuf contrats forestiers dont les plus importants datant de l’époque d’Omar Bongo, le gouvernement agite en quelque sorte, une carotte en guise de récompense, à ceux qui attendent par exemple de voir le détail de la convention Eramet-Etat gabonais, TotalEnergies-Etat gabonais ou encore Perenco-Etat gabonais. Chose étonnante quand on sait que les industries extractives contribuent à hauteur de 23% au PIB, à plus de 93,5% dans les exportations et à plus de 46,3% dans les revenus de l’Etat. C’est donc clairement le contenu de ces contrats pétroliers et miniers qu’attendent les observateurs.
Sous pression, les opérateurs pétroliers et miniers résistent-ils au gouvernement ?
C’est au final la question que l’on pourrait se poser. Au regard des enjeux, des nombreuses dérives constatées dans ces industries extractives en matière de gouvernance, de corruption avec des flux illicites estimés en milliers de milliards de fcfa et qui avaient d’ailleurs conduit à l’éviction du Gabon de l’ITIE en 2013, on peut se demander si les opérateurs ne mettent pas la pression sur le gouvernement dans ce contexte. Il est quand même difficile de croire que la “numérisation” serait à l’origine du retard dans la publication de ces contrats, au regard des effectifs pléthoriques de nos ministères, dont l’Économie.
Quoi qu’il en soit, ces contrats sont toujours attendus. De leur publication, dépend un certain nombre d’initiatives et de prises de décisions. Le FMI les attend pour juger de la crédibilité de ce gouvernement de transition. L’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) également pour juger de la sincérité des autorités à œuvrer pour une meilleure redistribution des richesses issues de notre sous-sol commun. A charge donc aux autorités et leurs partenaires, de rendre public ces contrats qui devaient l’être depuis bien longtemps.
Téléchargez les 9 premiers contrats forestiers publiés par le Gouvernement.