Le projet Taxi Gab+, lancé par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, visait à mettre à disposition 417 taxis de marque Suzuki Baleno pour améliorer les services de transport et créer des emplois. Cependant, ce projet est entouré de zones d’ombre concernant son coût, sa gestion et son rendement, suscitant des interrogations légitimes sur son opacité et son efficacité. Alors que le gouvernement promettait transparence et bonne gouvernance, Taxi Gab+ semble illustrer une gestion peu claire et des dépenses potentiellement disproportionnées.
L’un des principaux points d’ombre du projet Taxi Gab+ concerne son coût total. Les 417 véhicules, achetés à Dubaï par l’opérateur Luxury Cars, n’ont pas fait l’objet d’une communication transparente sur leur prix d’acquisition. Selon des estimations, chaque Suzuki Baleno coûterait entre 15 et 20 millions de fcfa, ce qui porterait le coût total du projet à environ 6,2 à 8,3 milliards de fcfa. Cependant, en l’absence de données officielles précises, ces chiffres restent approximatifs et soulèvent des questions sur la gestion des fonds publics. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas rendu publics les détails financiers de ce projet, alors qu’il s’agit d’une initiative financée par l’État ?
Des dépenses supplémentaires non comptabilisées
Au-delà du coût d’achat des véhicules, le projet Taxi Gab+ implique des dépenses supplémentaires qui n’ont pas été clairement évoquées. Par exemple, les frais de transport des véhicules depuis Dubaï jusqu’au Gabon, les coûts d’assurance, de maintenance et de formation des conducteurs n’ont pas été détaillés. De plus, la gestion quotidienne du projet, incluant la logistique, la supervision et la communication, représente également un budget non négligeable. Ces dépenses, ajoutées au coût d’acquisition des véhicules, pourraient faire exploser le budget total du projet, sans que les Gabonais ne soient informés de l’utilisation précise de ces fonds.
Une gestion opaque et des questions sur le choix de l’opérateur
Le choix de l’opérateur Luxury Cars pour l’achat des véhicules soulève également des interrogations. Pourquoi cette entreprise a-t-elle été sélectionnée ? A-t-elle remporté un appel d’offres transparent, ou s’agit-il d’un contrat direct ? L’absence de communication sur les critères de sélection et les modalités du contrat alimente les suspicions de favoritisme ou de malversations. Cette opacité contraste fortement avec les promesses de transparence faites par le président Oligui Nguema, qui avait pourtant placé la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance au cœur de son discours.
Malgré les sommes importantes investies, le rendement du projet Taxi Gabon+ reste incertain. Les 417 taxis, bien qu’utiles pour améliorer les services de transport et résorber le chômage des jeunes qui occupent au moins 60% des chômeurs du pays, ne représentent qu’une goutte d’eau dans un secteur dominé par l’informel et marqué par un manque d’infrastructures. De plus, il est difficile d’évaluer l’impact réel de ce projet sur la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des conducteurs. Sans un suivi rigoureux et des indicateurs de performance clairs, il est impossible de déterminer si ce projet justifie les dépenses engagées.