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Gabon: les commerçantes de Ndjolé en quête de changements

le coup de coeur

Le 30 août 2023 a marqué un tournant décisif pour le Gabon avec ce qui fut qualifié par les auteurs et la majorité des citoyens de « Coup de libération ». Depuis cet événement, le pays vit à un rythme effréné de changements symboliques. Le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a entamé une tournée provinciale pour prendre corps avec les populations, dont l’étape du Moyen-Ogooué a lieu cette semaine. A Ndjolé, une petite commune aux espoirs grands, ce sont les commerçantes du marché principal qui expriment en premier avec vigueur leurs attentes et leurs frustrations. Reportage.

Il est 15 heures en ce chaud jeudi 20 juin 2024, quand je me dirige vers le marché de Ndjolé, situé non loin du débarcadère et du célèbre restaurant des meilleurs coupés-coupés du Gabon. Les rires et les voix animées des commerçantes remplissent l’air, mais il n’en faut pas beaucoup pour percevoir la lourdeur des soucis qui pèsent sur elles.

Une inflation galopante

Maman Jacqueline (prénom emprunté pour des besoins d’anonymat), l’une des figures respectées du marché, m’interpelle avec une énergie palpable. « Mon fils, les vivres frais coûtent très cher, » commence-t-elle en désignant un tas de légumes. « Un saut de gombos, acheté à 2000 fcfa au Cameroun, nous est revendu à 10.000 fcfa par les grossistes. Nous devons alors augmenter nos prix ou réduire les quantités pour rester rentables« , a-t-elle poursuivi. 

Des tas de gombos vendus à 500 fcfa au marché de Ndjolé. @IN241

Cette inflation galopante pose un dilemme insoutenable pour des commerçantes dont la clientèle voit chaque jour son pouvoir d’achat diminuer. L’idée de réduire les frais douaniers revient souvent dans la conversation. « Nous souhaitons que le Président de la République, monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, puisse nous aider à régler ce problème, » exprime une autre commerçante avec espoir.

Un canter pour commencer?

Un autre cri du cœur est lancé concernant les transports. « Nous avons besoin d’un véhicule canter pour aller nous-mêmes acheter nos produits au Cameroun. Cela nous permettrait de mieux contrôler nos coûts et notre approvisionnement, » assure un groupe de commerçantes visionnaires, qui voient dans cette solution une manière de reprendre en main leur indépendance économique.

Le coût des produits n’est cependant pas leur seule préoccupation. La poussière qui envahit le marché est une source de désespoir. « Regardez cette poussière devant vos yeux. C’est inadmissible qu’un si petit tronçon, même pas 100 mètres, soit poussiéreux« , déplore une commerçante en montrant avec désespoir les étals souillés.

Le marché de Ndjolé, cœur économique et social de la commune, semble abandonné par les autorités locales. Les commerçantes, résilientes mais fatiguées, souhaitent des améliorations tangibles pour pouvoir travailler dans des conditions dignes. La réduction des frais douaniers, un contrôle rigoureux des comportements abusifs sur la route, et l’approvisionnement direct via un moyen de transport propre sont les solutions qu’elles voient pour leur avenir. Mais ce n’est pas tout.

Les commerçantes réclament un lieu digne

Le « Marché urbain de Ndjolé » : un nom prometteur pour les commerçantes, mais une réalité bien différente. Selon ces femmes courageuses qui font battre le cœur économique de Ndjolé, il n’était qu’un mirage. « Ce n’est pas un marché. Regardez autour de vous. Nous vendons nos produits dans un simple hangar. Nous voulons un vrai marché à Ndjolé, » clame une commerçante, exprimant ainsi le désir partagé par nombreuses de ses consœurs.

Les autorités locales ont tenté de répondre à ces appels en inaugurant en mai 2023 ce « nouveau » marché. Mais, bientôt, les fissures sur les murs et l’affaissement du sol ont semé la panique parmi les commerçantes. « Les fondations étaient fragiles dès le départ. Les murs se fissuraient dès l’ouverture, et le sol a cédé quelques semaines plus tard. Le gouverneur de l’époque a dû ordonner la fermeture du marché urbain entre janvier ou février 2024, » explique une autre commerçante, rappelant les moments d’angoisse vécus.

La sécurité n’était pas non plus au rendez-vous, avec des vols répétés qui ont touché de nombreuses commerçantes. Les barreaux du marché urbain n’offrent aucun obstacle aux intrus. Face à ces incidents, les commerçantes ont dû retourner se réfugier dans le vieux hangar. Elles ont délaissé l’idée de modernité et de progrès que ce marché urbain aurait dû représenter.

Les barreaux censés protéger la marchandise des commerçantes du Marché urbain, une fois rentrées chez elles, sont trop grands. @IN241

Le marché de Ndjolé, vital pour le tissu social et économique de la commune, ne répond pas encore aux aspirations de ses habitantes travailleuses. L’appel est franc : elles souhaitent un lieu d’échange digne de ce nom, un marché sécurisé, fonctionnel et adapté à leurs besoins. Ces femmes vaillantes attendent avec espoir que les nouvelles autorités puissent concrétiser leurs rêves en érigeant un marché qui symbolise le renouveau et le progrès pour Ndjolé.

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