Après la décision de Moody’s de diminuer la note de crédit du Gabon à Caa2, c’est au tour de Fitch Ratings. Selon un communiqué daté du 26 juillet dernier, l’agence de notation financière américaine a abaissé la note souveraine du pays de B- à CCC+, mettant en évidence une flexibilité négative du financement budgétaire, une faiblesse de la viabilité de la dette publique et une vulnérabilité externe élevée. Un problème de circulation des devises à long terme, qui «témoigne des risques grandissants qui pèsent sur la capacité de remboursement de la dette».
Malgré les garanties du régime militaire sur la survie des finances publiques, l’économie du pays est de moins en moins prometteuse. En conséquence, l’agence de notation américaine Ficth, a acté la dégradation de la note de crédit du pays à « CCC+ ». Il faut dire que les risques grandissants qui pèsent sur la capacité de remboursement de la dette, ainsi que ceux qui impactent la capacité du pays à mobiliser des financements adéquats en raison de la faible flexibilité du financement et l’augmentation inattendue des dépenses du gouvernement malgré le contexte de transition, font sentir une pression croissante sur les finances publiques.
Un plan de développement délicat
C’est donc en tout état de cause qu’après Moody’s, Fitch ait également décidé de revoir ses prévisions pourtant mesurées en septembre dernier. En effet, en optant pour un plan de développement de plus de 3.696 milliards de fcfa, sans même prendre en compte les faiblesses structurelles héritées du régime d’Ali Bongo, le gouvernement actuel a adopté une approche délicate et loin d’être porteuse sur le long terme étant donné le « contexte actuel marqué par des besoins de financement importants, tels que le remboursement de l’euro-obligation de 605 millions USD (2,6 % du PIB) en 2025« , selon les mots de l’agence de notation. L’agence évoque également le montant considérable de l’accumulation d’arriérés extérieurs sur la dette envers les créanciers officiels, qui sont estimés à 165 milliards de fcfa (1,2 % du PIB) à la fin mai 2024.
Une dette publique en hausse probable à 79% du PIB en 2026
Compte tenu également de l’évolution du solde budgétaire (base caisse), qui est passé d’un excédent de 1,1% du PIB en 2022 à un déficit estimé à 1,8% en 2023, d’une dette publique estimée à 70,4% du PIB, au dessus du seuil communautaire, des arriérés après des fournisseurs et d’autres passifs, mais également de l’incertitude grandissante quant à la capacité de la nouvelle administration à apporter des améliorations, Fitch a donc tordu le cou à la stratégie expansionniste actuelle. Soulignant en passant, une hausse probable de la dette publique à environ 79 % du PIB en 2026 et un déficit budgétaire du Gabon qui devrait atteindre 3,9 % du PIB en 2024, en lien justement avec cette politique budgétaire expansionniste qui entraîne des besoins de financement élevés.
Bien ancré dans ce cercle vicieux où la dégradation de la situation économique, entraîne des dépenses de financement accrues à l’image des 12 milliards de fcfa par mois sur cinq ans qu’il faudra engager en remboursement à destination de Gunvor, partenaire de GOC dans le rachat d’Assala, l’Etat gabonais verra donc si on se fie aux analystes de Fitch, sa situation économique et financière s’aggraver. Victime de ses propres insuffisances, les autorités de la transition dont le rôle était pourtant d’assainir les finances publiques en restaurant la confiance aussi bien de la population vis-à-vis de son gouvernement que des investisseurs vis-à-vis de l’exécutif, semble plutôt sur le chemin de la détérioration du tissu économique.