L’annonce du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, concernant la construction de 2591 km de routes d’ici la fin de la décennie marque un tournant significatif pour le Gabon et des interrogations. Dévoilé lors de son adresse à la nation le 29 août 2024, ce projet ambitieux vise à transformer le paysage non seulement en termes d’infrastructure mais aussi en impact socio-économique.
Le plan, qui concerne les tronçons jugés prioritaires, est conçu pour renforcer la mobilité et l’accessibilité, deux éléments clés pour dynamiser le pays. « Ce linéaire concerne les tronçons prioritaires qui permettront, dans les 6 prochaines années, d’améliorer la mobilité et l’accessibilité des biens et des personnes, tout en désenclavant les régions reculées », a déclaré le président. En abordant l’enclavement des zones éloignées, le projet promet de changer la donne dans des secteurs cruciaux tels que l’agriculture et le tourisme.
Réduire l’indépendance alimentaire
L’amélioration du réseau routier vise à réduire la dépendance alimentaire du pays en facilitant le transport des produits agricoles, renforçant ainsi la sécurité alimentaire nationale. En parallèle, le développement de l’infrastructure routière est envisagé pour donner un nouvel élan à l’industrie touristique, perçue comme un pilier potentiel pour la diversification de l’économie gabonaise.
Des questions sur la faisabilité du projet
Cependant, un certain scepticisme persiste quant à la faisabilité à long terme de ce projet compte tenu de la nature transitoire du leadership actuel. Puisque le mandat du président Brice Clotaire Oligui Nguema est limité à une période de transition de deux ans, certains observateurs s’interrogent sur sa capacité à garantir la continuité du projet au-delà des élections prévues en 2025. L’incertitude plane sur la question de savoir comment Oligui Nguema, durant cette période transitoire, peut planifier sur une aussi longue échéance sans assurance de pouvoir mener lui-même ce projet à son terme.
Tandis que le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a réalisé des avancées remarquables en un an avec plus de 600 km de routes bitumées, la question demeure : qu’adviendra-t-il de ces chantiers ambitieux si le leadership change après les élections ? C’est un défi auquel l’administration actuelle devra répondre pour rassurer les citoyens et les investisseurs sur la pérennité de ce projet fondamental pour l’avenir du Gabon.
En somme, ce programme routier, bien qu’en ligne avec des objectifs de développement essentiel, soulève des interrogations légitimes sur la durabilité politique et administrative des initiatives en cours, soulignant la nécessité d’une vision unifiée et d’une transition démocratique paisible pour garantir que les routes du futur soient effectivement construites.