Dans quelques jours, le 16 novembre prochain, les Gabonais seront appelés à voter par référendum le nouveau projet de constitution. L’échéance approchant à grand pas, les acteurs de la vie publique multiplient les sorties pour livrer la synthèse de leurs analyses à travers une clarification des enjeux liés à ces textes constitutionnels. Dans cette dynamique, le peuple, se trouve entre les deux mouvances du «Oui» et du «Non». Comment se positionne-t-il ?
Les partisans du «Oui» : l’œuvre humaine se perfectionne avec le temps
“La perfection n’est pas de ce monde”, nous dit une maxime bien connue des Gabonais. En d’autres termes, l’œuvre humaine est souvent discutable et empreinte à la modification pour être adaptée aux enjeux du moment. Les Gabonais en faveur du Projet constitutionnel proposé par le Comité constitutionnel national et le gouvernement de la transition, arguent que le projet contient les éléments de la pluralité politique, des instruments de gouvernance publique qui tranchent avec la gestion aléatoire du pays.
Pour Geoffroy Foumboula Libeka et d’autres barons de la scène politique gabonaise, comme Edmond Okemvele ou Jean Delors Biyogue, ces textes ont le mérite de redéfinir les enjeux démocratiques et politiques du pays. Pour eux, il faut saluer les «avancées» contenues dans ces textes en dépit de quelques altérations constatées. Le «Oui» est soutenu par cette mouvance constituée d’une frange des partis politiques, notamment le Rassemblement pour la Patrie et la modernité (RPM) d’Alexandre Barro Chambrier, l’Union nationale (UN) de Paulette Missambo, des leaders d’opinion et des acteurs de la société civile comme Nicaise Moulombi, pour ne citer qu’eux.
Les partisans du «Non» : ne pas confondre vitesse et précipitation
Pour les partisans du «Non», la Constitution en l’état, est la consécration des intérêts d’un groupe de personnes. C’est un déni de la Restauration des institutions, mission que s’est assignée le Comite pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au sortir du 30 août 2023. La Constitution étant la cheville ouvrière d’une nation, a pour obligation de concilier les intérêts.
Il ne faut pas se précipiter à soumettre au peuple des textes qui pourraient avoir une incidence significative sur le cheminement que le pays entame vers sa «félicité», pensent les partisans du Non. Alain-Claude Bilie-By-Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo et cadre du Parti démocratique gabonais (PDG) qui a plongé le Gabon dans la misère depuis plus de 40 ans, farouche opposant à ces nouveaux textes de loi, a déjà annoncé que son mouvement «Ensemble pour le Gabon» mènera des causeries dans les quartiers de Libreville pour expliquer aux Gabonais les manœuvres «d’écrémage» politique des militaires au pouvoir.
D’autres organisations comme la plateforme «Référendum : Je Vote Non», dont les signataires sont Marc Ulrick Malekou Ma Malekou et Jean Victor Mouang’ Mbading’, ont emboîté le pas pour dénoncer une «régression démocratique», alors que Dynamique unitaire parle d’un «consécration du despotisme à travers un super-président de la République qui fait main basse sur les pouvoirs législatif et judiciaire».
Un tournant pour l’expression démocratique
En définitive, l’ouverture de la campagne référendaire le 6 novembre prochain offre une occasion cruciale pour mesurer les tensions sociales et les perceptions qui animent le Gabon. Ce moment pourrait bien être un tournant, non seulement pour l’expression démocratique, mais aussi pour le renforcement des institutions du pays. Les choix du peuple gabonais, qu’ils soient en faveur du «Oui» ou du «Non», doivent être respectés et protégés dans un cadre pleinement transparent et juste.
C’est seulement en garantissant que la voix de chaque citoyen soit entendue et respectée que le Gabon pourra réellement tourner la page de son histoire tumultueuse et se diriger vers un avenir où la démocratie et la justice ne sont plus de vains mots, mais des réalités concrètes. Le succès de ce référendum pourrait symboliser un pas significatif vers la réconciliation et la reconstruction nationales, essuyant ainsi les ombres du passé pour redonner espoir et confiance en un système politique véritablement inclusif.