Le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, Jeannot Kalima, a annoncé le début des essais de la nouvelle station de pompage d’eau potable du PK5 le week-end écoulé.
Cette station, indispensable pour améliorer l’approvisionnement en eau des quartiers nord de Libreville, représente une avancée technique significative dans le cadre du Programme intégré pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement de Libreville (PIAEPAL). Toutefois, des questions persistent quant à l’efficacité réelle de ce projet et sa capacité à résoudre les problèmes chroniques d’approvisionnement en eau.
Bien que la station de pompage du PK5 soit un investissement considérable financé à hauteur de 77 milliards de fcfa par la Banque africaine de développement (BAD), son impact à long terme reste à évaluer. Nombreux sont les Gabonais qui, sceptiques après des années de promesses non tenues, se demandent si cet investissement se traduira par une amélioration tangible de leur quotidien. Ils craignent que l’on déshabille Pierre pour habiller Paul, puisque la question de l’infrastructure globale de desserte en eau demeure problématique.
Autonomie et gestion
L’un des aspects innovants de cette station est sa gestion à distance depuis le centre technique de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Si cette modernisation est prometteuse, elle soulève également des inquiétudes sur la capacité de la SEEG à maintenir et superviser efficacement ce système avancé. La gestion à distance pourrait-elle devenir un point faible en cas de défaillance technique ?
Impact réel sur les ménages
Malgré l’annonce enthousiaste de l’objectif de 300 000 ménages bénéficiaires, il est crucial de poser la question de la distribution. Les grands quartiers comme Nzeng-Ayong, Ondogo, Charbonnages, et autres seront-ils réellement mieux desservis ? Ou allons-nous assister à une persistante inégale répartition des ressources qui laissera encore de nombreux foyers sans accès fiable à l’eau potable ?
Projet politique ou réel progrès ?
La station de pompage du PK5 a été érigée comme l’un des chantiers prioritaires sous le mandat du président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Néanmoins, il existe un risque que ce projet soit plus une vitrine politique qu’une solution durable, estiment certains observateurs. “Le gouvernement actuel utilisera-t-il cet investissement pour des gains politiques à court terme au détriment de solutions efficaces et durables pour l’approvisionnement en eau ?”, se demande l’un d’entre eux sous couvert d’anonymat.
Pour rappel, l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, Rose Christiane Ossouka Raponda avait déjà procédé en mars 2021 au lancement officiel des travaux de renforcement et d’extension du réseau d’eau potable du grand-Libreville au quartier PK5. Des années plus tard, rien ne semble avoir été concrètement fait, malgré une médiatisation à outrance du lancement officiel des travaux.
Une question de volonté politique
Bien que la mise en service de la station de pompage du PK5 marque une étape significative dans la modernisation de l’infrastructure d’eau de Libreville, des doutes subsistent quant à la pérennité et l’efficacité de ce projet. L’amélioration espérée dépendra non seulement de la technologie, mais aussi de la gestion, de la maintenance et de la volonté politique de prioriser réellement les besoins des citoyens. Le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema semble s’inscrire sur cette voie.
Néanmoins, le succès de ce projet ne sera déterminé que par une évaluation rigoureuse de l’impact réel sur les foyers de Libreville, loin des promesses et des agendas politiques. En effet, seule une amélioration concrète et uniforme de la distribution d’eau potable pourra réellement transformer les vies des habitants et restaurer la confiance dans les initiatives gouvernementales.