Depuis plusieurs mois, le Gabon se retrouve involontairement sous les feux des projecteurs internationaux en raison de son implication supposée dans l’évitement des sanctions occidentales imposées à la Russie. Le pays, considéré comme un relais pour des navires de la «flotte fantôme» russe, a récemment, selon RFI (Radio France internationale), annoncé le retrait de son pavillon à 28 navires, une décision perçue comme un subtil jeu d’équilibre géopolitique.
L’attribution de pavillons maritimes peut constituer une manne financière pour des nations comme le Gabon, dont les revenus sont partiellement liés aux services maritimes externalisés à Intershipping Services, une société basée aux Émirats arabes unis. Cette pratique lucrative mais controversée a attiré l’attention sur Libreville, surtout depuis que Moscou intègre la vente de son pétrole vers l’Asie et d’autres régions pour contourner les restrictions européennes.
Le jeu des alliances complexes
L’accusation de soutenir indirectement la guerre en Ukraine place Libreville dans une position précaire vis-à-vis de ses partenaires occidentaux, notamment les États-Unis et la France. Pour apaiser ces tensions, la décision de retirer le pavillon à certains navires russes représente une démarche stratégique sous pression internationale, intervenant après que les États-Unis ont poussé le Libéria à retirer son pavillon à une flotte similaire.
Un avenir incertain pour la « flotte fantôme »
RFI rapporte que 13 des 28 navires radiés ont rapidement été immatriculés sous pavillon russe, soulignant la résilience des mécanismes utilisés pour contourner les sanctions. De plus, 40 pétroliers battant pavillon gabonais ont récemment visité des ports russes avant de se diriger vers la Chine, l’Inde ou la Turquie, des pays qui figurent parmi les principaux clients de Moscou, alimentant les spéculations sur d’éventuelles complicités internationales.
Recalibration des alliances
En l’absence de déclarations officielles à Libreville, une source proche du gouvernement reconnaît implicitement l’utilisation de ces navires par la «flotte fantôme» russe. Cette situation met le Gabon sur le fil du rasoir, nécessitant une recalibration de ses alliances et de ses stratégies diplomatiques pour garantir sa stabilité économique tout en maintenant ses relations internationales.
Dans cet entrelacs de politique et d’économie, le Gabon se trouve à un carrefour décisif, illustrant les nombreux défis rencontrés par les nations intermédiaires face aux intérêts conflictuels des grandes puissances mondiales.
