Le projet de budget de l’État gabonais pour 2025, équilibré à 4 204,9 milliards fcfa, repose sur des hypothèses macroéconomiques qui intègrent un recul de la production pétrolière, une chute attendue du prix du baril de pétrole et une croissance des secteurs miniers et forestiers. Cependant, cette vision optimiste pourrait se heurter aux réalités du marché mondial et à des défis internes, exacerbés par la dégradation de la note souveraine du Gabon par Fitch. Le pays fait face à une pression croissante sur ses liquidités et des arriérés importants envers ses créanciers, limitant son accès à de nouveaux financements.
La production pétrolière gabonaise est attendue en recul de 2,1% à 11,125 millions de tonnes en 2025, un changement qui pourrait être amplifié par la politique de l’Opep+, qui a décidé de maintenir son calendrier d’augmentation progressive de la production, malgré une stagnation des prix. Alors que l’Opep+ cherche à soutenir la stabilité des prix du pétrole, la baisse du prix du baril de pétrole gabonais à 75 dollars US en 2025, contre dollars US en 2024, pourrait entraîner une réduction significative des recettes pétrolières, un secteur clé pour le financement du budget gabonais. En parallèle, la dépréciation du taux de change du dollar à 596,4 fcfa en 2025, contre 600,6 fcfa en 2024, pourrait augmenter les coûts d’importation, accentuant encore les pressions économiques internes.
Fitch, dans sa récente analyse, a souligné les risques liés à la pression sur les liquidités et les difficultés d’accès aux marchés de la dette. L’accumulation des arriérés et les tensions sur le marché local de la dette augmentent l’incertitude quant à la capacité du Gabon à maintenir une stabilité financière, d’autant plus avec des échéances de dettes externes importantes.
Dans ce contexte, la mise en œuvre de politiques budgétaires ambitieuses, comme l’augmentation de la production de manganèse et du bois débité, pourrait offrir des alternatives aux recettes pétrolières, mais cela reste insuffisant pour compenser un possible effondrement des prix du pétrole ou une récession mondiale. Surtout que dans le même temps l’incertitude politique et la hausse des dépenses de fonctionnement pourraient assombrir un peu plus l’horizon.