Face à une raffinerie nationale à bout de souffle, le Gabon pourrait bien trouver un partenaire stratégique en la personne du China Africa Business Council (CABC). Présent dans plus de 40 pays du continent, ce groupe chinois vient de réaffirmer sa volonté d’intervenir dans la réhabilitation de la SOGARA et la construction d’une nouvelle raffinerie d’ici la fin de la décennie. Ce projet, s’il se concrétise, pourrait changer la donne pour un secteur pétrolier en quête d’efficacité industrielle et de souveraineté énergétique.
La SOGARA, malgré une cadence élevée de traitement du brut (plus de 83000 tonnes en avril 2025), produit trop peu de carburants raffinés. La part du Résidu Atmosphérique de Tête (RAT) représente près de 46% de sa production, tandis que le gasoil et l’essence, les produits les plus recherchés sur le marché intérieur, restent sous-optimisés. Résultat : le pays importe massivement ces carburants, grevant ses finances publiques tout en exposant sa sécurité énergétique. C’est ce dysfonctionnement structurel que CABC ambitionne de corriger.
Le plan chinois s’articule en deux volets : réhabiliter la raffinerie existante d’ici 2027, puis construire une nouvelle unité d’ici 2030. Cette nouvelle raffinerie viserait à tripler la capacité de raffinage du pays, permettant au Gabon de répondre à ses besoins jusqu’en 2050. Une telle ambition s’inscrit dans une vision long terme, à contre-courant des solutions temporaires fondées sur l’importation. Elle viserait aussi à intégrer des unités de conversion moderne, pour réduire drastiquement la part de RAT.
Mais plusieurs questions demeurent : quel sera le modèle de financement ? Quelle place prendra l’État dans la gouvernance industrielle de cette nouvelle structure ? Et surtout, quelle articulation entre les intérêts chinois et les impératifs nationaux de transition énergétique ? Car si le Gabon veut sortir de sa dépendance aux produits bruts ou semi-finis, il doit aussi penser à diversifier son mix énergétique et non seulement renforcer ses capacités fossiles.
Le projet CABC pourrait être une bouffée d’air frais pour le raffinage gabonais, mais il doit s’accompagner d’un encadrement strict des intérêts nationaux. L’État devra imposer des clauses de contenu local, exiger des transferts de technologie, et garantir que cette infrastructure serve d’abord les consommateurs gabonais avant d’alimenter des logiques d’exportation.