Créée en 1950 pour gérer la distribution d’eau et d’électricité au Gabon, la SEEG, unique fournisseur de ces services dans le pays, n’y arrive plus. Si en 1997, dans le cadre de réformes économiques et de privatisation, elle a été partiellement privatisée avec une reprise majoritaire par la société française Veolia, la reprise en 2018 par l’Etat gabonais constatant des failles n’aura finalement pas servi à grand-chose. Hausse de la masse salariale, dérives managériales, faiblesse des investissements, déficit structurel et infrastructurel, la SEEG a finalement été rattrapé en plein vol par le CTRI qui l’a passé sous administration provisoire ce mardi 27 août 2024.
C’est un véritable coup de rangers dans la fourmilière SEEG. Après de nombreuses années de dégradation structurelle, la société d’État vient d’être rattrapée en plein vol par le gouvernement militaire. Dans le communiqué n°065, Ulrich Manfoumbi, porte-parole du CTRI, a annoncé une batterie de mesures visant à restructurer l’entité. Parmi ces mesures, la mise sous administration provisoire. Motivée par le fait que la SEEG « s’enfonçait dans une crise profonde et multiforme entraînant des coupures et délestages au mépris des usagers », le CTRI a en effet décidé de prendre le taureau par les cornes, en privilégiant une « refonte de l’organigramme avec plus de verticalité nationale et une organisation axée sur l’efficacité, la simplicité et le contrôle avec des profils techniques ».
Juste et judicieuse quand on chiffre le montant des dérives managériales qui ont fait exploser la masse salariale qui a connue une hausse de 97% entre 2018 et 2023 pour atteindre 55 milliards de fcfa quand dans le même temps, de nombreuses plaintes ont été formulées par les usagers concernant la qualité des services fournis par la SEEG, en particulier en ce qui concerne les coupures fréquentes d’électricité et les pénuries d’eau, cette décision vient confirmer la volonté des autorités de la transition d’opérer des changements profonds. C’est dans cet ordre que le CTRI a d’ailleurs annoncé « le passage de 51 directeurs et assimilés à 14 directeurs et 21 divisionnaires ».
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Confrontée à des défis majeurs allant du renforcement des infrastructures qui nécessite désormais des investissements considérables pour répondre à la demande croissante et pour réduire les pertes techniques, à un accès à l’électricité de plus en plus limité dans certaines régions du pays, à des risques de liquidités alors qu’il faut moderniser les infrastructures et améliorer les relations avec les consommateurs pour restaurer leur confiance, la SEEG devrait désormais être réorganisée en privilégiant « l’efficacité, la simplicité et le contrôle » avec comme point de départ « la renégociation de la dette avec plan d’apurement (…) et la refonte du parcours client ».
Salutaires, intelligentes et dans l’air du temps, ces mesures prises par le CTRI qui a également annoncé une réduction des émoluments des dirigeants et cadres, la poursuite des audits et des enquêtes en cours.