Après une série de délibérations, le Dialogue national inclusif du Gabon, qui a pris ses racines le 2 avril dernier et s’est conclu ce 30 avril au Palais Rénovation, marque un tournant pour le pays, aux yeux de nombreux observateurs. L’initiative, symbolisée par l’échange de la carte du Gabon entre l’archevêque Jean-Patrick Iba Ba et le général Brice Oligui Nguema, reflète plus qu’un acte cérémonial; elle incarne l’espoir d’une nation en quête de renouveau. Mais des doutes subsistent quant à la volonté du président de la Transition de jouer le jeu démocratique.
Au cœur de cet événement, les remarques du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, également président en exercice de la CEMAC et facilitateur de la CEEAC, résonnent comme un soutien régional à la stabilité politique du Gabon. En reconnaissant les efforts du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et du général Oligui Nguema, Touadéra a mis en avant l’esprit de collaboration et d’engagement qui prévaut au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale.
Ainsi, l’annonce la plus importante de la clôture du Dialogue concerne la création imminente d’un comité de suivi, comme l’a affirmé Brice Oligui Nguema. Ce comité n’est pas seulement un groupe de travail; il “incarne l’engagement de la transition vers une gouvernance démocratique et rénovée”. Chargé de la préparation de l’Assemblée constituante, qui aura la lourde responsabilité de rédiger une nouvelle Constitution qui devra être approuvée par référendum, ainsi qu’un nouveau Code électoral pour assurer des élections libres et transparentes.
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En outre, cette démarche vers une refonte constitutionnelle et une réforme électorale signifie que le Gabon s’engage non seulement à remodeler ses structures politiques internes, mais aussi à renforcer sa légitimité démocratique sur la scène internationale.
Cependant, d’autres voix s’élèvent pour dénoncer un renforcement des pouvoirs au profit du général Brice Clotaire Oligui Nguema. En effet, en proposant un régime “présidentialiste” qui octroie au président les prérogatives du Premier ministre, certains craignent une gestion unilatérale du pays. De plus, la confirmation de l’inéligibilité aux premières élections post-transition du vice-président de la République, du Premier ministre et des présidents des institutions de la Transition est perçue comme une habile manœuvre du président de la transition contre ses potentiels adversaires. Puisqu’il se trouve que lui-même est éligible.
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Le Gabon se tient donc à la croisée des chemins, avec des promesses ambitieuses de transformation institutionnelle et des craintes sur un virage probable vers un régime autoritaire. Ce comité de suivi, au-delà de son rôle opérationnel, porte donc l’espoir d’une transition fluide vers un gouvernement représentatif et transparent.
Ce défi n’est pas seulement national mais également régional, comme l’ont souligné les mots d’encouragement du président Touadéra. Le Gabon sous le regard de la CEEAC, prend un virage crucial; celui de la concrétisation des espoirs en actions, promettant ainsi une ère de stabilité et d’innovation politique pour son peuple.