La récente dégradation de la note souveraine du Gabon par Fitch Ratings ne repose pas uniquement sur des considérations économiques et budgétaires. L’agence souligne également que l’environnement politique du pays joue un rôle déterminant dans l’évolution de ses perspectives financières. « Le FMI ne devrait pas ouvrir de négociations avant les élections présidentielles, actuellement prévues pour avril 2025 », prévient Fitch, indiquant que l’incertitude politique freine la mise en place d’un programme d’aide et, par extension, l’accès aux financements internationaux.
Mais cette lecture est-elle totalement justifiée ? Si le contexte politique reste en transition après le changement de régime d’août 2023, le Gabon a maintenu une stabilité relative et poursuivi ses engagements budgétaires. Cette période de mutation influence-t-elle réellement la trajectoire économique du pays, ou est-ce une perception amplifiée par les investisseurs ? Décryptage.
Une transition politique qui rebat les cartes économiques
Depuis août 2023, le Gabon traverse une phase de restructuration institutionnelle. L’accent mis sur les revendications sociales a conduit à des ajustements budgétaires importants, notamment avec l’augmentation des dépenses publiques et extra budgétaires, en plus d’une hausse de la masse salariale de « 7 % par an en 2024 et 2025 », selon Fitch. Si cette politique vise à apaiser les tensions sociales et à répondre aux attentes d’une population en quête d’améliorations rapides de ses conditions de vie, elle ne répond pas à une vision à long terme.
LIRE AUSSI : Gabon : que retenir de la nouvelle notation souveraine de Fitch Ratings?
D’ailleurs, ces décisions budgétaires ont pesé sur le déficit, qui est passé d’un excédent de « 2,5 % du PIB en 2023 » à un déficit de « 0,2 % en 2024 ». Cette détérioration, bien que maîtrisée pour l’instant, alimente les inquiétudes des investisseurs quant à la soutenabilité des finances publiques sur le long terme. Fitch estime que la politique actuelle pourrait compliquer l’accès aux financements extérieurs, notamment en raison d’une gouvernance budgétaire plus souple et de l’accumulation d’arriérés de paiement.
Le Fonds monétaire international en attente
L’un des points majeurs relevés par Fitch Ratings est le rôle du FMI dans le redressement économique du Gabon. L’agence prévoit que le pays « demandera un programme au FMI en 2025 », mais précise que l’institution ne devrait pas entamer de négociations avant les élections présidentielles. Autrement dit, les incertitudes politiques retardent un soutien financier qui pourrait être crucial pour stabiliser les finances publiques.
Ce report constitue un défi pour le pays. En l’absence d’un programme du FMI, le Gabon devra gérer seul ses obligations financières, alors qu’il fait face à des échéances de dette importantes en 2025 : « 3,7 % du PIB en amortissements extérieurs et 5,3 % en amortissements intérieurs ». Un accord rapide avec le FMI aurait permis d’accéder à des financements concessionnels et de restaurer la confiance des marchés.