Port-Gentil vient d’être secoué par un véritable coup de tonnerre judiciaire. Le Procureur de la République Pierre Aperano Essongué a été suspendu de ses fonctions au Tribunal de première instance de Port-Gentil pour « insubordination et propos irrespectueux » à l’égard de son supérieur, le Procureur général de la République. En outre, il n’aurait pas respecté les articles 35 et 36 du Code de procédure pénale, ce qui a conduit à sa mise à l’écart temporaire, selon le procureur général.
Pierre Aperano Essongué est connu pour son caractère belliqueux, mais c’est précisément cette attitude qui l’a mené à sa suspension. Suspendu de toutes ses fonctions, il a été remplacé par l’avocat général Armel Wilfried Boule en attendant de nouvelles affectations. Cet incident découle d’un acte de rébellion et de propos blessants à l’intention de son supérieur, survenus lors d’une nuit houleuse de ce mois de mai, précisément celle du 16 au 17, impliquant des mesures judiciaires contre les dirigeants de Perenco Oil & Gas Gabon.
Actions indépendantes
L’affaire a pris une tournure critique lorsque le procureur Aperano Essongué a décidé d’agir de manière indépendante sur le dossier délicat de Perenco, sans en informer sa hiérarchie, un acte considéré comme une faute professionnelle grave, selon le procureur général. Ignorant les articles réglementaires de son propre code de procédure, il aurait orchestré des arrestations musclées et entamé des auditions forcées. Ces actions auraient été menées sans l’accord préalable du Procureur général de la République, Edith Christiane Mvou Loubamono-Mbangangoye, qui a dû intervenir d’urgence pour annuler les mesures prises.
Refus d’obtempérer
La scène s’est rapidement envenimée. Informée par un tiers, le Procureur général s’est déplacé pour superviser les événements sur place. Toutefois, sa décision de suspendre les auditions a suscité la colère d’Aperano Essongué, qui a lancé une chasse infructueuse aux patrons de Perenco. Dans un accès de zèle, il aurait contesté l’autorité de sa supérieure dans des termes jugés « irrévérencieux et irrespectueux » par cette dernière.
La situation a empiré le lendemain matin lorsque, entouré d’agents armés et de ses adjoints, le procureur Aperano Essongué aurait pénétré dans la société Perenco pour placer en garde à vue plusieurs dirigeants. Malgré l’intervention de deux avocats généraux envoyés par sa supérieure, Aperano Essongué aurait refusé d’obtempérer, exigeant des justifications écrites. Cet épisode a encore accentué les tensions entre lui et sa hiérarchie.
Gravité de l’insubordination
Ce n’est qu’à 16 heures, après avoir été informé que ses actions avaient atteint les plus hautes instances, qu’il a levé la garde à vue. Le Procureur général a alors aussitôt réagi par une note administrative qui pointe la gravité de l’insubordination et l’ignorance flagrante de la procédure pénale par Aperano Essongué. Ces comportements ont été jugés incompatibles avec les principes de hiérarchisation et de subordination indispensables au bon fonctionnement des magistrats du parquet.
Concluant son rapport, le Procureur général a condamné ces actions comme inadmissibles et intolérables, estimant qu’une sanction sévère était nécessaire pour restaurer l’image du Parquet Général de Port-Gentil. Pierre Aperano Essongué est suspendu de ses fonctions jusqu’à nouvel ordre, et l’Avocat général Armel Wilfried Boule est désigné pour gérer les affaires courantes du parquet. Cette affaire met en lumière la rigueur nécessaire au sein du système judiciaire et l’importance de la subordination hiérarchique pour maintenir l’ordre et l’efficacité dans l’administration de la justice.