Critic’Art : Théorie du mythe personnel de Charles Mauron appliquée à l’EP ‘’&’’ de Cedrynho

La critique d’art est l’art de juger les œuvres de l’esprit à travers une traduction du langage artistique en langage logique. Un exercice auquel se prête chaque semaine avec maestria notre critique, Krist, qui nous emporte cette fois-ci dans l’univers de Cedrynho. Découverte.

La méthode psychocritique développée par Charles Mauron établit un réseau d’images itératives qui constituerait le mythe personnel de l’auteur. Appliquée à 2 morceaux choisis, précisément Rêve feat Shelyza et Wow de l’EP « &«  de Cedrynho,  on peut déceler trois images obsédantes qui fondent le mythe personnel de Cedrynho.

L’esprit 

La première image perceptible dans les métaphores liées à la femme chez Cedrynho est celle de l’esprit. La femme est itérativement rattachée à la figure spectrale voir à l’irréel.

Dans Rêve feat Shelyza,  elle est présentée  dans son domaine de définition. A travers le champ lexical du cognitif [« elle hante mon cerveau ; Vision d’esprit ; Rêve réalité »], la femme est métaphoriquement décrite comme un fruit de l’esprit. 

LIRE AUSSI : Critic’Art : Géopoétique dans Someday Soon de Lewa

Dans Wow la femme décrite est revêtue de caractéristiques plus orientées. Sa représentation  s’élabore sur  l’angle d’un spectre dont les traits oscillent  entre « ange du paradis » et « VR » (réalité virtuelle). 

La sirène  

La deuxième image itérative est celle de la sirène.  Ce mythe commun à bon nombre de cultures est évoqué dans les 2 textes. Toute chose témoignant de la condition irréelle  que Cedrynho confère à la femme dans ses productions.  

 Dans Rêve feat Shelyza cette sirène se déploie « hors de ses eaux » pour s’insérer dans le monde Cedrynho tandis que dans Wow  elle est cette force qui le détache de son monde pour le faire « plonger dix milles lieux sous la mer » .

Le personnage de fiction

 En sus, cette dernière image renvoie elle aussi à la nature immatérielle de la femme chez Cedrynho. La femme dont parle Cedrynho  est assimilée à des personnages identifiables dans les fictions Disney. Dans Rêve feat Shelyza il s’agit d’Arielle, la petite sirène, nommée dans l’extrait : « Sirène hors de ses eaux (Arielle) ».

LIRE AUSSI : Critic’Art : Phénomènes de Glocalisation dans Bienvenue à B’HellVue de Benjamin Epps 

Dans Wow  le personnage mis en exergue est celui d’Esméralda, dans la représentation Disney de Notre-Dame de Paris, tel que le laisse entendre  le passage « Quasimodo voit Esméralda ».

En définitive,  ces 3 images, que l’on pourrait appuyer par leur immanence dans le projet Succube love précédemment sorti par Cedrynho, révèlent en les superposant le mythe personnel de l’auteur.  Celui-ci,  axé sur la femme irréelle mi- spectre,  mi- sirène,  mi- personnage de fiction attribue à cette derrière une essence surnaturelle, immatérielle qui la rend insaisissable.

Actualité : Deux ans après sa sortie,  l’ep de collaboration d’extra-terrestre (&/ET) souffre d’un manque d’exploitation. Un clip de l’ambiançant single Wow serait bienvenu cet été pour ne pas que l’ep s’oublie sous le poids des nouvelles chansons de l’artiste. Pour notre part nous vous invitons à découvrir notre collaboration avec l’artiste Cédrynho sur son ep : FDMV.

By KRIST

De son vrai nom Jilkrist BINGANA MOMBO, Krist est un artiste et critique d’art gabonais.

Auteur de musique Jazz et passionné par les arts écrits, les articles qu’il propose s’intéressent aux possibilités interprétatives des œuvres d’arts. Il s’agit donc d’utiliser les outils et théories savantes de la critique littéraire pour interpréter des œuvres musicales et autres, afin d’en souligner le génie.