vendredi, mars 29, 2024
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    Gabon : 10 ans après sa mise en service, la ZES de Nkok peine à attirer les poids lourds de l’industrie manufacturière mondiale

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    Présentée comme un parc industriel multisectoriel situé à 27 km de Libreville, la Zone Économique Spéciale (ZES) de Nkok peine jusque-là à attirer les poids lourds de l’industrie manufacturière mondiale. Malgré des mesures incitatives pour le moins généreuses avec notamment des exemptions fiscales qui en 2017 déjà s’élevaient à 436 milliards de fcfa soit plus de 665 millions d’euros représentant 7% du PIB non pétrolier, la Zone, présentée par les autorités comme la plus belle réussite socio-économique de ces dernières années, semble pour l’heure ne profiter qu’à son principal investisseur.

    « Pierre angulaire de notre stratégie Gabon émergent qui vise à protéger notre environnement de manière durable tout en favorisant une croissance industrielle diversifiée », comme n’a cessé de le marteler le président Ali Bongo Ondimba, la Zone Économique Spéciale (ZES) de Nkok reste une dizaine d’années après son lancement, sur un bilan mitigé. Que ce soit d’un point de vue opérationnel ou d’un point de vue structurel, la Zone, qui comprend aussi bien une zone industrielle, une zone commerciale, qu’une zone résidentielle, n’a pas encore su attirer le regard des poids lourds de l’industrie manufacturière mondiale. 

    En effet, à l’inverse par exemple de Tanger Med au Maroc (lancée en 1999) qui a su attirer sur une superficie deux fois moins importante (450 hectares contre 1126 hectares pour la zone de Nkok) plus de 500 entreprises dont certains géants de l’industrie automobile (le français Renault par exemple), la Zone de Nkok reste à la traîne en matière de diversification. Concentré sur le secteur bois avec un cluster dédié à sa transformation qui regroupe 84 entreprises, qui a directement et/ou indirectement fait exploser le prix de certains dérivés (contreplaqués, planches etc), le complexe industriel reste sur un bilan globalement mitigé si l’on compare les exonérations accordées et les résultats attendus. 

    Évaluées en 2017 à 436 milliards de fcfa soit plus de 665 millions d’euros représentant 7% du PIB non pétrolier, ces exonérations semblent d’ailleurs constituer le principal outil d’attraction des « 144 entreprises de 19 pays opérant dans 22 secteurs industriels ». 144 entreprises dont la plupart à l’image de La Santé Pharmaceutique, peine à percer le marché local du fait de l’absence d’une politique de suivi des investissements. Avec un calendrier de réformes (évoqué par le FMI dans son rapport d’août 2021) visant à mettre fin à « l’exonération des retenues à la source » appliquée aux entreprises de Nkok, ainsi que la « limitation à cinq ans du délai de l’exonération pour les nouvelles entreprises qui s’installent dans toutes les zones économiques spéciales », difficile d’imaginer la zone attirer des poids lourds à moyen-long terme.

    Dans une Afrique qui bouge et un Gabon qui entend « transformer son économie d’ici 2025 », la Zes de Nkok classée tout de même « Meilleure zone industrielle du monde dans la filière bois par FDI Intelligence-Financial Times en 2020 » et dont l’objectif reste de créer 35 000 emplois directs et indirects à l’horizon 2030, aura beaucoup de mal à aider le pays à atteindre ses objectifs d’émergence. Entre latence et opacité, la zone franche continuera sans aucun doute à servir les intérêts de la galaxie du géant Singapourien Olam qui, on le rappelle, en est le principal investisseur à travers un PPP aux côtés de l’Etat gabonais. 

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