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    Entrepreneuriat : où sont les startups gabonaises ?

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    Combien de startups, au sens strict du terme, gabonaises pouvez-vous citer ? Parmi elles, de combien utilisez-vous les services ? Dans votre smartphone, combien y’a-t-il d’applications gabonaises ? Les réponses à ces questions devraient nous amener à opérer un état des lieux sincère sur notre écosystème startup. L’entrepreneuriat numérique au Gabon ne serait-il pas un peu surfait ? 

    En 2023, le Global Startup Ecosystem Index a classé les 100 meilleurs écosystèmes startups au monde. 15 pays africains y figurent. Pas le Gabon, ni aucun autre pays d’Afrique centrale. Pareil pour le classement 2022 des pays investissant le plus dans les startups selon la plateforme Startup Ranking, qui prend en compte le nombre de startups créées par pays au cours de l’année. Le Gabon y est absent des radars. Pourtant, quand on lit les discours des politiques et des organismes en charge du secteur, notre pays serait un modèle, à l’échelle sous-régionale tout au moins.

    Une population très connectée

    A certains égards, le Gabon tire son épingle du jeu. Notre pays est par exemple classé parmi ceux dont la population est la plus connectée. Mais un zoom sur cette question révèle un constat bien déconcertant : en matière d’économie numérique, globalement, notre pays est encore à la traîne. Ne pas le reconnaître nous empêche d’opérer les réajustements structurels et infrastructurels nécessaires.

    Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui ont manqué. En 2016, l’État lance l’initiative eGabon, qui vise à accélérer l’écosystème numérique dans notre pays à travers des projets structurants. Celui-ci a notamment bénéficié d’un financement avoisinant les 35 milliards de fcfa de la part de la Banque mondiale. Au titre des projets, la Société d’incubation numérique du Gabon est lancée (la seule, sur les 3 incubateurs qui étaient prévus), pour encourager l’innovation et la croissance dans le secteur des TIC.

    8ème pays où internet coûte le plus cher en Afrique

    Malgré tout, en janvier 2021, cinq ans plus tard, le média panafricain Jeune Afrique titrait : « Pourquoi le Gabon n’est pas devenu un hub numérique ». Un billet qui met en lumière les nombreux écueils qui jalonnent le chemin des startups dans notre pays. Soulignant notamment que : « à concentrer ses efforts sur le développement des infrastructures et la numérisation de l’administration, Libreville en a oublié de soutenir les jeunes pousses du numérique. ».

    En 2022, le Gabon ne figurait même pas dans le TOP 10 africain de l’indice de la qualité numérique, publié par le cabinet Surfshark et prenant compte : l’abordabilité d’Internet (coût), la qualité d’Internet, l’infrastructure électronique, la sécurité électronique et l’administration électronique. Le Gabon est même classé 8è des pays où internet coûte le plus cher sur le continent.

    Bref. Mis en parallèle avec les énormes moyens qui ont été engagés, les moteurs de l’écosystème startup au Gabon sont passés à côté de leurs objectifs. Où sont ces jeunes pousses qui justifieraient les milliards qui ont été injectés pour leur éclosion ? Que ce soit à travers les programmes d’incubateurs ou les concours, l’État, les entreprises privées et les organisations internationales ont joué leur partition pour des résultats plus que mitigés.

    Le destin d’une startup n’est pas d’en rester une à vie

    Il y a des startups qui passent des années en incubation, pour un produit ou un service inconnu au bataillon par les populations cibles. Mais qui, pourtant, attirent tous les financements et bénéficient des opportunités, à travers les programmes auxquels ils prennent part. Combien d’utilisateurs ont-elles ? Combien d’emploi ont-elles créé ? Nul ne sait.

    Doit-on souligner que le destin d’une startup n’est pas d’en rester une à vie ? Une startup n’est pas censée rester 5 ans en incubation, ni même en accélération. Sauf s’il y a une anomalie dans son ADN. En particulier quand malgré tout cela, il n’y a pas une entreprise structurée, avec un produit fonctionnel qui tourne sur le marché après.

    Mieux, selon les commentaires de quelques acteurs du secteur, les rares startups agitées comme des modèles par les incubateurs, s’en sortaient déjà avant d’intégrer ces derniers. Il serait même arrivé des cas où les incubateurs tentent de s’approprier le succès d’une startup à laquelle ils n’ont que peu contribué, voire pas du tout.

    Les principaux représentants de l’écosystème startup au Gabon s’extasient autour de la face immergée d’un Iceberg dont le fond dissimule une réalité désolante. 

    Entre 2011 et 2019, soit 8 ans, le Gabon n’a pu créer « que » 2.000 emplois directs dans les secteurs du numérique… avez pour objectif d’en créer 20.000 d’ici 2025, soit dans un an. D’accord. 

    Les défis de l’entrepreneuriat au Gabon

    A tous ces freins spécifiques à leur secteur, les entrepreneurs du numérique au Gabon doivent faire face aux défis de l’entrepreneuriat au sens large dans le pays. Entre autres, l’absence de financement des TPE par les banques locales, l’absence de capitaux-risqueurs sur le marché, les législations fiscales et douanières contraignantes, la corruption, etc.

    Malgré tout, il y a quelques startups gabonaises qui se débattent pour exister et proposent des solutions numériques en ligne avec les défis locaux : ÇaPay, Yobo Resto, Digitech Africa, etc.

    En fin 2023, le projet Gabon Digital bénéficiait d’un nouveau prêt de 68,5 millions de dollars, pour prendre la suite du projet eGabon. L’occasion parfaite pour mettre en œuvre les mécanismes de réajustement qui siéent, après un diagnostic sincère.

    Stevy Opong

    Entrepreneur

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