Bien mené, le dialogue politique auquel Ali Bongo a dit oui entre majorité et opposition pourrait déboucher sur des conclusions annonciatrices d’élections apaisées. Mais sera-ce seulement possible ?
Lors de son discours à la Nation du 31 décembre 2022, le président Ali Bongo Ondimba a enfin consenti à accepter un dialogue avec l’opposition, en prélude à la présidentielle de 2023.
Ces assises, appelées depuis plusieurs mois par une frange de l’opposition gabonaise, seront l’ultime occasion pour les forces politiques de s’accorder (ou pas) sur les préalables au bon déroulement du scrutin à venir. Il faut dire que l’opposition, forte des expériences passées, craint de se faire à nouveau « voler sa victoire« , du fait d’un processus électoral qui leur est défavorable. Aussi a-t-elle rédigé le 31 mai dernier, un mémorandum sur les préalables à respecter avant, pendant et après le scrutin, pour la crédibilité de celui-ci.
Il ne reste plus désormais qu’à attendre la forme que prendra cette messe politique. Mais surtout, le sort que le pouvoir en place (qui reste au commandes du pays depuis un demi siècle) réservera aux propositions de l’opposition. Lesquelles devraient tourner autour des points déjà consignés dans le mémorandum tels que :
– La désignation des présidents du Centre Gabonais des Élections (CGE) et de ses démembrements de façon paritaire entre les membres de la majorité et de l’opposition ;
– L’implication de tous les partis politiques à toutes les phases du processus électoral ;
– L’élaboration d’un processus clair de confrontation des procès-verbaux, basé sur les copies officielles fournies à la Cour Constitutionnelle dès leur édition et les copies fournies par les partis.
– La transmission de la liste électorale à tous les partis politiques et sa publication sur le site Web du CGE ;
– L’adoption d’une réglementation sur le financement par l’Etat des campagnes électorales, ainsi que la limitation des dépenses de celles-ci ;
– L’encadrement règlementaire du rôle de l’armée dans le processus électoral ;
– L’abrogation du décret n° 000236/PR/MISDDL du 04 octobre 2018 et retour aux dispositions du décret N° 000398/PR/MISPD du 10 mai 2002 sur les modalités de convoyage, d’affichage et de consultation des procès-verbaux des opérations électorales ;
– L’inclusion de la présence des observateurs internationaux indépendants dans l’observation du processus électoral, etc.
Autant de préalables qui, s’ils ne figurent dans les conclusions de ces assises politiques, pourraient fortement compromettre la bonne tenue des prochaines élections présidentielles cette année.
Pour mémoire, les 10 partis signataires du mémorandum de l’opposition sont les Démocrates ( LD), le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), le Rassemblement Pour le GABON (RPG), le Rassemblement des Patriotes Républicains (RPR), l’Union Nationale (UN), le Congrès pour la Démocratie et la Justice (CDJ), l’Union Démocratique et Sociale (UDS), le Parti du Réveil Citoyen (PRC), le Front Démocratique et Culturel (FDC), et l’Union Pour la Nouvelle République (UPNR).