Installé dans le pays depuis 1952 à travers ses filiales gabonaises et exploitant près de 900 000 ha de forêt, soit près de 4% du couvert forestier national, Rougier Gabon qui a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 31,1 milliards de fcfa contre 25 milliards de fcfa l’année précédente pour une hausse de 24%, semble pourtant avoir du mal avec le respect de ses employés. C’est ce que révèle des sources internes, qui vont jusqu’à évoquer l’aspect « colonialiste » voire même de « négrier » des responsables de cette entreprise et notamment du directeur général Stéphane Jaffret.
Selon plusieurs sources internes à l’entreprise, Rougier Gabon, entreprise historique dans le secteur forêt-bois, serait à travers ses dirigeants et notamment son directeur général Stéphane Jaffret, coutumier de nombreux faits « d’abus d’autorité ». Installée dans le pays depuis plus de 60 ans, cette entreprise familiale française semble avoir gardé les codes du système colonial, comme le rapportent plusieurs employés joints par nos soins et qui évoquent notamment le harcèlement moral et différentes formes de menaces et intimidations dont ils sont victimes depuis l’arrivée en janvier 2023 du nouveau directeur général
En effet, pour les employés gabonais de cette entreprise, le climat semble de plus en plus nauséabond et délétère. Démission forcée, entraînant la précarisation de certains salariés, menacés de suspension de salaires pour des faits fallacieux, comportements abusifs à mettre au profit du directeur général, la situation au sein de cette entreprise qui a pourtant généré en 2022 plus de 31 milliards de fcfa de chiffre d’affaires devrait interpeller les nouvelles autorités en quête de « dignité », et ce d’autant que ladite entreprise évolue dans l’un des secteurs les plus dynamiques de notre économie.
Il faut dire que sieur Jaffret n’en est pas à sa première exposition à de tels faits. En 2018 en République Centrafricaine, la société de fabrication de sucre (SUCAF) de Ngakobo dans la Ouaka était aux arrêts, car les employés réclamaient entre autre chose le départ de Stéphane Jaffret, directeur général de la Sucaf RCA (2017 à 2019). Ces derniers lui reprochaient « ses insultes » incessantes et son mépris. Au Gabon, le Français semble poursuivre sa mission de dénigrement et de harcèlement des employés noirs qui, semble-t-il, sont à sa merci.
Multipliant les mouvements d’humeur sans écho favorable, notamment une grève importante lancée en avril dernier, les employés dont certains ont été victimes d’une « chasse aux sorcières » ne savent plus à quels saints se vouer tant ils semblaient jusque-là inaudibles. Face à un directeur général aux allures de contremaître d’une plantation de coton et qui va jusqu’à faire à certains employés des propositions d’un autre temps, difficile de comprendre le manque d’implication de la direction général du travail et de l’inspection du travail, qui semblent faire preuve d’un mutisme coupable. De nombreux courriers des employés leur étant parvenus, sans oublier les actions menées auprès de la direction générale des services spéciaux pour « abus de pouvoir et harcèlement ».
Alors que l’entreprise exploite près de 900 000 ha de forêt, soit près de 4% du couvert forestier national, il serait grand temps qu’elle s’applique à respecter le code du travail et la réglementation en République gabonais. Une réglementation qui « s’applique et ne se négocie pas » comme l’a rappelé récemment l’un des conseillers spéciaux du président de la transition aux entreprises installées dans la zone économique à régime spécial de Nkok.