A en croire la cheffe du gouvernement Rose Christiane Ossouka Raponda, le Gabon est un pays dans lequel tout semble aller pour le mieux. « Bloqué » uniquement du fait « d’une opposition sclérosée, qui peine à se renouveler et à incarner une alternative crédible », comme elle l’a déclaré ce 8 novembre au détour d’une interview chez nos confrères de Jeune Afrique. Le pays semble ne connaître aucune dérive si l’on se fie uniquement à ces propos. Or, entre inflation, chômage notamment chez les jeunes, inondations qui ont déjà coûté la vie à des familles gabonaises, accidents de circulation du fait de routes de plus en plus accidentogènes, les populations multiplient les appels à l’aide à l’endroit d’un gouvernement qui fait la sourde oreille.
Du Plan stratégique Gabon Émergent (PSGE) au Plan de Relance de l’économie (PRE) en passant par de multiples Task Force et plans d’austérité
qui ont abouti à la mise en route du Plan d’accélération de la transformation (PAT), rien ou presque n’a changé pour les populations de base. De moins en moins prises en compte dans la stratégie globale de l’exécutif gabonais, subissant les affres de la pandémie d’une part et d’une inflation galopante de l’autre, les populations qui doivent faire face à des phénomènes climatiques liées à une politique infrastructurelle défaillante sont livrées à elles-mêmes.
Au bord du gouffre financièrement alors qu’on leur promettait « un avenir en confiance », ces populations doivent désormais se résoudre à choisir entre se nourrir et se loger décemment, entre sécurité et perspectives d’avenir, entre travail précaire et chômage notamment pour les jeunes dont les diplômes ne suffisent plus. Sourd malgré ces situations dramatiques à bien des égards, le gouvernement et notamment sa cheffe semblent pourtant ne s’inquiéter de rien. Préférant d’ores et déjà évoquer la prochaine élection présidentielle de 2023.
Alors que le pays traverse probablement l’une des pires crises sociales de son histoire doublée d’une crise économique qui semble n’affecter que les plus démunis, ce gouvernement semble pour l’heure rester insensible. Préférant évoquer « la commercialisation de 187 millions de crédits carbone », qui dans le contexte actuel où les institutions restent balbutiantes, ne devraient profiter qu’à une poignée, celui-ci reste donc aveugle face aux difficultés de ceux qu’ils sont censés servir. Un bien triste constat pour un pays qui avait tout pour réussir.